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De la démocratie à l'autocratie, il n'y a souvent qu'un pas

15 septembre 2022

A l'occasion de la journée mondiale de la démocratie, retour sur les conclusions de l'indice du Varieties of Democracy, un institut de recherche indépendant.

Une main glisse un bulletin de vote dans une urne
Comment les démocraties se sont-elles défendues ces dernières années contre la menace de dérives autocratiques ?

Comparé à il y a 100 ans, le nombre de pays considérés comme démocratiques a augmenté mais le processus de démocratisation a marqué le pas au niveau mondial, au début des années 2000.

Actuellement, le V-Dem constate une tendance vers l'autocratie ou un régime autoritaire dans 12 pays pourtant démocratiques sur le papier. Ces pays sont répartis dans le monde entier : le Brésil, la Pologne, le Niger, l'Indonésie, le Botswana, le Guatemala, la Tunisie, la Croatie, la République tchèque, Guyana, Maurice et la Slovénie. Dans 17 autres Etats, la démocratie a enregistré un recul quasi complet durant la dernière décennie, parmi lesquels la Turquie, les Philippines ou encore la Hongrie.

La démocratie sous toutes ses formes

Les chercheurs de V-Dem classent les pays en quatre grandes catégories. Il y a les pays autocratiques et les pays fermés comme la Chine ou le Qatar, où ni la tête de l'exécutif ni le corps législatif ne sont issus d'élections multipartites. 

Ensuite, il existe des démocraties électorales telles que le Brésil et l'Afrique du Sud, qui organisent des élections libres et équitables, mais qui conservent de grandes inégalités. 

Dans les démocraties libérales, comme l'Allemagne et la Suède, il y a des élections libres, des droits garantis pour les minorités et des contrôles dans l'équilibre entre les pouvoirs. 

Cette division ne propose pas de hiérarchie au sein d'une même catégorie. Impossible de savoir avec cette classification, par exemple, si la Chine est plus ou moins démocratique que la Corée du Nord ou si l'Allemagne est plus ou moins autocratique que le Chili.

Pour détecter le déclin de la démocratie au moment où il se produit, l'IDL a été inventé. C'est l'indice de démocratie libérale, qui va de 0 à 10. Plus la valeur est élevée, plus le pays est proche des idéaux de la démocratie libérale.

De l'usure à l'effondrement

Autre constat : les démocraties s'érodent avant de s'effondrer, le passage à l'autocratie ne se fait pas toujours dans le fracas d'un coup d'Etat. 

Cette tendance a été observée récemment suite à l'élection de certains dirigeants comme Jair Bolsonaro au Brésil, Andrzej Duda en Pologne, Viktor Orban en Hongrie, Recep Tayyip Erdogan en Turquie ou encore Narendra Modi en Inde. 

Cependant, le chercheur brésilien Fernando Bizzarro, de l'université de Harvard, estime que la montée en puissance de ces politiciens antidémocratiques peut souvent aussi être attribuée à l'aggravation de problèmes déjà existants, comme une crise des partis traditionnels ou une polarisation accrue du discours politique.

La résilience démocratique en deux temps

Le V-Dem a recensé 81 périodes de déclin démocratique depuis 1900, dont 50 depuis 2000. Dans environ 75 % des cas, la crise a débouché sur une transition complète vers la dictature.

Pour comprendre quels systèmes sont plus susceptibles de flancher que d'autres, les chercheurs ont inventé une autre mesure : l'indice de démocratie électorale ou IDE. 

Selon l'étude, la résilience démocratique se manifeste en deux étapes différentes : 

  • Dans un premier temps, les pays peuvent éviter complètement le début d'une crise démocratique. C'est ce que les chercheurs appellent la "résilience initiale" qu'ont vécu récemment la Finlande et le Canada, par exemple. La solidité économique d'un pays favorise ce type de résilience.
     
  • En second lieu, il existe une "résilience à l'effondrement". Elle se produit dans les pays où les crises démocratiques s'installent mais sont stoppées avant que le système politique ne s'effondre. Cela été observé dans des pays tels que l'Équateur ou la Corée du Sud. Dans ce cas, la présence démocraties voisines peut agir comme un facteur de survie à un retour en arrière dans un pays donné.

Des remparts multiples

D'autres facteurs internes peuvent servir de remparts à l'autocratie dans un pays donné, comme une longue tradition démocratique associée à un pouvoir judiciaire indépendant et fort. Le maintien de la démocratie nécessite une opposition civile ou politique. Enfin, les dirigeants autocratiques peuvent être ébranlés par des crises économiques. Mais des enquêtes sur la corruption peuvent aussi les rendre vulnérables.  

A noter que le V-Dem, institut de recherche indépendant basé à Göteborg, en Suède, publie l'un des nombreux indices qui suivent l'état de la démocratie dans le monde, mais contrairement à d'autres, il analyse des données depuis plus d'un siècle.

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