Démocraties en péril
5 juin 2013La Frankfurter Allgemeine Zeitung note que la justice égyptienne qui s'est attaquée aux ONG est la même que celle qui a décidé de libérer les deux policiers condamnés pour avoir battu à mort le bloggeur Khaled Saïd, à Alexandrie en 2010. L'événement a été le déclencheur de la révolte qui a conduit à la chute de Moubarak.
Pour le journal, la justice égyptienne est dirigée par les contre-révolutionnaires : les héritiers de l'ancien président Moubarak. Ces condamnations, qui visent également les employés de la fondation allemande Konrad-Adenauer, ont pour but d'éveiller à l'étranger le sentiment que les choses étaient peut-être mieux sous l'ancien régime.
La Süddeutsche Zeitung, y voit également un signal envoyé à l'étranger. Le parti des Frères musulmans est aussi peu intéressé par la liberté politique et démocratique que ne l'était le dictateur Moubarak avant lui. Le message envoyé aux Égyptiens est également clair : ceux qui se battent pour la démocratie vivent dangereusement. Un avis que partage die tageszeitung qui titre « Un jugement comme une menace ». Les 27 ressortissants étrangers, dont 16 Américains et 2 Allemands ont été condamnés officiellement pour avoir travaillé dans l'illégalité et avoir reçu des financements illicites. Le gouvernement égyptien veut faire passer ce message : ce qu'il peut faire avec des Américains et des Allemands, il peut le faire avec toutes les ONG. L'Égypte n'est pas un terrain sûr pour les défenseurs des droits de l'Homme.
Die Welt s'intéresse à un autre combat pour la défense de la démocratie, celui qui se déroule en Turquie. Des milliers de manifestants sont toujours rassemblés sur la place Taksim, à Istanbul. Ils dénoncent les dérives autoritaires du gouvernement Erdogan et l'islamisation rampante. Le journal estime qu'il faut préserver l'héritage d'Atatürk : le fondateur de la république démocratique a fait de la Turquie un modèle pour toutes les dictatures du monde musulman.
Mais la Turquie est également menacé par la guerre ethnico-religieuse qui est en train de désagréger la Syrie, le Liban et l'Irak. Pour Die Welt, l'Union européenne doit pousser Erdogan à la modération. Plus que jamais, les négociations d'adhésion de la Turquie avec l'Union européenne sont nécessaires.