Pour 2022, les chercheurs de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockolm (SIPRI), ont enregistré une augmentation de 3,7% des dépenses militaires mondiales par rapport à 2021. Un record historique, explique Nan Tian, chercheur et co-auteur du rapport : 

"Indépendamment du fait que les économies se portent mieux ou moins bien que prévu, l'armée absorbe plus de ressources financières que les années précédentes et même que jamais auparavant dans l'histoire."

Du jamais vu depuis la Guerre froide

L'augmentation est particulièrement sensible en Europe où les dépenses ont redépassé leur niveau de la fin de la Guerre froide. En cause : l'invasion de l'Ukraine par la Russie, en février 2022. À partir de cette date, outre les deux belligérants, les Etats européens ont, les uns après les autres, annoncé revoir leur budget militaire à la hausse.

Pourtant, sur le terrain, l'Ukraine est parvenue, jusqu'à présent, à tenir tête aux forces russes et à les circonscrire dans l'est du pays. Le "péril russe" pour le reste de l'Europe est-il donc réel ?

Pour Nan Tian, en s'armant toujours plus, les Européens cherchent avant tout à dissuader la Russie qui reste un adversaire sérieux dans le cyberespace et bien-sûr une puissance nucléaire :

"Je pense que pour beaucoup de pays européens, il s'agit vraiment de renforcer tous les aspects de la défense... L'augmentation des dépenses militaires est un signe de dissuasion à l'égard de la Russie".

Des chiffres gonflés par l'inflation 

L'Institut de recherche attire cependant aussi l'attention sur l'inflation qui conduit les gouvernements à devoir dépenser plus s'ils veulent maintenir leur armée à flot et encore plus s'ils veulent la développer.

Ainsi, la Finlande a dépensé des sommes exorbitantes pour pouvoir acquérir l'an dernier 64 avion de combat américain F35, des appareils modernes mais très onéreux.

L'Allemagne, elle, avait promis une enveloppe de 100 milliards d'euros pour ses forces armées. Mais la hausse des prix rend par exemple l'acquisition de nouveaux équipements plus difficile que prévu. 

A noter que les chiffres du Sipri ne se limitent pas aux armes mais prennent également en compte les besoins généraux d'une armée et de ceux qui la composent : nourriture, logement et administration.