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Désarmement sanglant à Bangui

11 avril 2018

Plus de 20 morts, des dizaines de blessés et des centaines de déplacés à la mosquée centrale. Le bilan provisoire des opérations de désarmement des groupes armés dans le quartier PK5 à Bangui est lourd.

Zentralafrikanische Republik Wahl - Sicherheit in Bangui
Image : Getty Images/AFP/I. Sanogo

 
Ce matin, des manifestants en colère ont abandonné 17 corps des civils devant le Quartier Général de la Minusca. Des corps récupérés peu de temps après par la Croix Rouge. La Minusca de son côté a annoncé un mort et neuf blessés, tous membres du contingent Rwandais qui a lancé l’offensive de mardi après midi. Des violences dénoncées à Bangui par des leaders religieux musulmans, l’Union africaine et l’ONU.
 

A Bangui, la tension reste palpable

Très peu de mouvement sont décelables dans la ville. Le 3e arrondissement et une partie du 5e sont paralysés même si un calme relatif tente de revenir dans ces secteurs. Déjà, de nombreux civils se sont refugiés à la Mosquée centrale pour se mettre à l’abri des violences. 

Prière à la mosquée de BanguiImage : DW/S. Schlindwein

Youssouf Abdelmadjid Naminguina, imam de la mosquée de Gobongo, vice-président de la Communauté islamique centrafricaine (CICA), regrette la manière avec laquelle les opérations ont été menées.

"Mon regret c’est le fait que les populations ont subi des situations qui ne les concernent pas. Nous souhaitons que les choses se fassent dans la maîtrise de l’art. Je veux dire qu'il faut mettre la main sur les vrais auteurs et éviter les cas que nous avons vécus. Les caractères de base du prophète Mohamet c’est la douceur, donc en islam, il n’y a pas de violence. Il ne faut pas faire l’amalgame, il ne faut pas se tourner contre la religion parce que la base de leurs revendications n’est pas sur la religion."

Malgré les pertes causées, l’opération a été saluée par l’Union africaine et l’ONU qui y voient un but unique : celui de protéger la population contre les éléments criminels qui l’oppriment. 

 

"La loi doit prévaloir"

Smaïl Chergui, le Commissaire Paix et sécurité de l’Union africaine en mission conjointe avec le secrétaire-général adjoint chargé des opérations de maintien de la paix des Nations-unies analyse ainsi la situation:

Image : Getty Images/AFP/M. Longari

"Nous avons relevé le rôle déterminant de la Minusca pour stabiliser et sécuriser le pays, et surtout protéger les populations centrafricaines de tout danger, de tout problème. Y compris en s'en prenant aux criminels qui ne sont plus tolérables aujourd’hui. Je crois que le pays a suffisamment avancé. S’il y a encore des poches, s’il y a encore des criminels qui tiennent en otages les populations, je crois qu’il est tout à fait normal maintenant que la loi puisse prévaloir."

La situation est plus qu’inquiétante car, déjà, des journées villes mortes sont décrétées dans plusieurs villes du nord par l’ex-rébellion seleka en signe de solidarité, disent-ils, avec la communauté musulmane de Bangui.