Damas persiste et signe
12 mars 2012Tant que ses visiteurs ne réclameront que l'autorisation d'apporter une aide humanitaire, le chef de l'État syrien n'a pas grand-chose à craindre, estime la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Ici, ce sont la Ligue arabe et l'Occident qui sont pris au piège de la réthorique, pas Bachar al-Assad ni ses protecteurs russes. En effet, s'il ne s'agissait vraiment que de sauver des vies humaines, rien ne les empêcherait de s'arranger avec le dictateur syrien. S'ils exigent par contre un changement de régime pour protéger durablement la population du dictateur et affaiblir l'axe chiite Syrie-Iran, le bain de sang n'est pas près de se terminer.
La Syrie menace de devenir le champ de bataille des grandes puissances mondiales dans la région, analyse la Süddeutsche Zeitung. Pourtant, les choses auraient pu évoluer autrement. Un message clair et ferme de la communauté internationale aurait certainement impressionné Bachar al-Assad. Les tergiversations occidentale et l'appui déclaré de Moscou ont été pour lui comme un permis de tuer. Vladimir Poutine, l'ancien et nouveau maître du Kremlin, porte là une responsabilité toute particulière. Il doit faire pression sur Damas pour obtenir, par la voie de la négociation, la fin des violences et ainsi, celle du régime.
Die Welt publie à ce sujet une interview de Guido Westerwelle, le ministre allemand des Affaires étrangères, en visite officielle en Arabie Saoudite ce week-end. Moscou se trouve du mauvais côté de l'Histoire, estime le chef de la diplomatie allemande, qui conseille à Damas d'envisager une solution analogue à la passation pacifique de pouvoir qui a eu lieu au Yémen, où monsieur Westerwelle avait fait escale avant d'arriver à Riyad.
Die Tageszeitung relève par contre que Damas a lancé ses troupes ouvertement à l'assaut de la région d'Idlib, bastion de la rébellion, en même temps que Bachar al-Assad recevait Kofi Annan, l'ex-secrétaire général de l'ONU, chargé par la Ligue arabe et les Nations unies de négocier un cessez-le-feu. Voilà pourquoi l'opposition syrienne exige l'arrêt des violences comme condition préalable à toute négociation. Ce point fait désormais l'unanimité. Dans une déclaration commune, Moscou et la Ligue arabe ont en effet plaidé en faveur de l'arrêt des violences, "d'où qu'elles viennent", fin de citation. Le quotidien de Berlin se demande toutefois si cela sera suffisant pour espérer voir changer l'attitude du Kremlin dans ce dossier.
Auteur : Christophe Lascombes
Édition : Aude Gensbittel