Dan Gertler aurait échappé aux sanctions américaines
2 juillet 2020Les sanctions américaines contre Dan Gertler sont en vigueur depuis décembre 2017. Ses comptes bancaires aux Etats-Unis sont gelés car Washington l’accuse d’avoir bâti sa fortune " à travers des transactions minières et pétrolières opaques et corrompues".
Dan Gertler est propriétaire de plusieurs concessions minières et de blocs pétroliers en République démocratique du Congo (RDC).
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Blanchiment d'argent
Selon un rapport conjoint publié jeudi (02.07.20) par Global Witness et la Plateforme pour la protection des dénonciateurs d’abus en Afrique (PPLAAF), le magnat minier aurait eu recours à un réseau international de blanchiment d’argent entre la RDC, L’Europe et Israël.
Le réseau lui aurait permis de se soustraire aux sanctions américaines en "faisant passer des millions de dollars à l’étranger et d’acquérir de nouveaux actifs miniers en RDC".
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Entre juin 2018 et mai 2019, au moins 100 millions de dollars américains auraient transité par des comptes bancaires. Près de 70% de cette somme a été déposée sur des comptes liés à Dan Gertler ou à ses associés, ont constaté Global Witness et PPLAAF.
21 millions de dollars auraient été virés sur des comptes détenus en dehors de la RDC. Et 25 autres millions de dollars auraient été octroyés à la Gécamines, la société d’Etat en RDC chargée de gérer des mines.
Le milliardaire a ainsi, note le rapport, consolidé sa fortune grâce notamment "à une réglementation bancaire laxiste et des sociétés écrans".
Coalition Joseph Kabila-Félix Tshisekedi nuisible?
Le rapport lève aussi un coin de voile sur comment Sicomines et ERG, deux grandes compagnies minières opèrent en RDC. Ces dernières auraient fait des virements à des agences contrôlées par Dan Gertler ou ses associés.
Glencore, le géant des matières premières aurait également versé des redevances à ce proche de l’ex-président congolais, Joseph Kabila.
Le rapport appelle Kinshasa à s’engager résolument dans la lutte contre la corruption et à geler les avoirs de Dan Gertler "tout en contrôlant ses transactions avec les entreprises publiques". Les personnes et entreprises incriminées dans le rapport nient avoir posé des actes répréhensibles pour contourner les sanctions américaines.
Global Witness et PPLAAF notent cependant que la coalition entre le Front commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila et le Cap pour le changement (CACH) de Félix Tshisekedi n’a pas pu "mettre fin à la longue et lucrative alliance entre Kabila et Gertler".
"Il continue à avoir des amis puissants en place. Il continue de faire des affaires avec des grandes multinationales : la Sicomines, Glencore, ERG. Il faut que toutes les Banques, sociétés qui ont fait bouger de manière consciente ou pas, ce qui apparait être l'argent de Dan Gertler, devraient se poser beaucoup de questions, geler ce qui apparait être des avoirs et lancer des enquêtes pour vérifier si c'est bien le cas, comme on le mentionne dans notre rapport", explique Gabriel Bourdon Fattal, membre de la Plateforme de Protection des Lanceurs d'Alerte en Afrique et l'un des rédacteurs du rapport.
En février dernier, les ONG de la plateforme " Le Congo n’est pas à vendre " avaient demandé au Chef de l’Etat Félix Tshisekedi le gel de tout compte en banque appartenant à Dan Gertler.
"Les millions qui sont cités chaque fois que l’on parle de Dan Gertler en RDC peuvent construire des écoles, peuvent nourrir des familles et peuvent développer la RDC. C’est pourquoi, je demande au président de la République et à son gouvernement de mettre tout en œuvre pour établir les responsabilités", suggère Freddy Kasongo, de la plateforme.