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Poutine, l'Ukraine et l'assassinat d'un Géorgien à Berlin

19 décembre 2019

La guerre en Ukraine et la crise diplomatique avec Moscou sont les thèmes qui retiennent l'attention de l'Allemagne dans la conférence de presse annuelle de Vladimir Poutine.

Russland Moskau PK Wladimir Putin
Image : picture-alliance/dpa/I. Pitalev

Les deux dossiers qui intéressent l'Allemagne - MP3-Stereo

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1895 journalistes, russes et étrangers, étaient accrédités à la conférence de presse annuelle de Vladimir Poutine. Une intervention désormais traditionnelle du chef de l'Etat russe depuis 2001 et l'occasion pour lui d'aborder, pendant plusieurs heures, des dossiers de politique intérieure et internationale devant une presse qui lui est largement acquise. Deux thèmes retiennent particulièrement l'attention en Allemagne.

Caricature de Sergueï Elkin montrant le président ukrainien (à gauche) et Vladimir Poutine qui se battent autour du passeport des habitants du Donbass

Guerre et gaz en Ukraine

Le conflit en Ukraine est un des deux sujets qui concernent le plus l'Allemagne.

Berlin doit en effet abriter un nouveau round de discussions entre l'Ukraine, la Russie et l'Union européenne sur le projet d'acheminement de gaz russe vers l'Europe, qui ne transiterait plus par l'Ukraine.

L'Allemagne compte en effet sur les gazoducs Nord Stream 1 et 2 qui franchissent la Mer Baltique, contre l'avis des Etats-Unis notamment.

L'Ukraine et des pays d'Europe de l'Est craignent que Moscou ne s'en serve pour les couper de l'approvisionnement en gaz russe.

Vladimir Poutine est conscient de sa force de négociation. Et quand il préconise le "dialogue direct" sur le Donbass avec Kiev et le maintien des accords de paix de Minsk, la question du gaz n'est pas loin.

"Le passage par l'Ukraine continue de nous intéresser mais nous voulons une route d'acheminement du gaz convenable. Or il se trouve que le passage par l'Ukraine est plus long que [les pipelines Nord Stream 1 et 2] qui passe[nt] par la Mer Baltique. Plus long et plus cher pour nous. Mais peu importe, il est important pour l'Europe centrale et du Sud, donc nous souhaitons le maintenir."

Ambassade de Russie à BerlinImage : picture-alliance/dpa/B. von Jutrczenka

Le Géorgien assassiné à Berlin était "cruel et assoifé de sang"

Mais le dossier explosif du moment entre Moscou et Berlin, c'est le meurtre d'un ressortissant géorgien – ancien commandant tchétchène –qui s'est fait assassiner au mois d'août dernier dans le centre de la capitale allemande. Son nom : Zelimkhan Khangochvili.

L'Allemagne soupçonne les services secrets russes d'avoir fomenté cet assassinat et a expulsé deux diplomates qui ne coopéraient pas assez à l'enquête.

Vladimir Poutine affirme pour sa part que la victime avait "98 morts" sur la conscience et que sa présence même à Berlin était inquiétante.

"On voit bien que les individus comme celui que vous venez de mentionner, des terroristes et des assassins, circulent librement dans les grandes villes européennes. A ce que je sache, il a été tué en plein centre de Berlin. Un homme comme ça circule librement dans les capitales européennes. Que se passerait-il si les gens détenus dans les camps [pour les combattants terroristes] venaient chez vous ? Vous aimeriez ça ? Vous les laisseriez circuler librement, comme ça ?"

Plus de 1800 journalistes étaient accréditésImage : Reuters/Sputnik/Kremlin/A. Druzhinin

Déférence et flagornerie

La conférence de presse a duré plus de quatre heures durant lesquelles Vladimir Poutine n'a quasiment pas dû faire face à des contradicteurs.

 Peu de questions critiques, jamais de relance du président quand il élude, comme lors de la question sur ses filles.

Plusieurs des journalistes prennent la parole pour se déclarer satisfaits de l'action des pouvoirs publics. La presse qui applaudit certaines réponses du chef de l'Etat, lors de sa réponse à un journaliste de la BBC notamment.

Une journaliste montre un foulard à l'effigie du président Poutine avant la conférence de presseImage : picture-alliance/dpa/I. Pitalev

Autres exemples : un journaliste va jusqu'à déclarer "on ne veut pas que vous partiez" et, sans crainte de la flagornerie, il demande au président si "Vladimir Poutine est déjà un personnage historique".

Ou encore un Biélorusse qui lui offre un livre, une troisième d'Ekaterinbourg qui brandit une pancarte sur laquelle elle a dessiné un cœur pour le président à qui elle demande la construction d'un métro dans sa ville.

Le président russe apparaît sûr de lui, conforté par des sondages qui lui confèrent une cote de popularité élevée, en dépit de la crise économique et des sanctions qui viennent d'être prolongées par le Conseil de l'Union européenne.

Parce que de nombreux Russes préfèrent la main de fer connue de Poutine, au pouvoir depuis près de 20 ans, à un avenir encore plus incertain.


Voici le lien vers la retransmission de la conférence de presse, traduite en simultané en français par la télévision pro-russe Sputnik :

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