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De la Floride au Faso, les moustiques OGM en débat

Hugo Flotat-Talon | Avec agences
27 août 2020

Alors que de nouveaux tests de moustiques génétiquement modifiés sont prévus en Floride, cela relance le débat autour de ces insectes de laboratoires.

Image d'un moustique femelle en train de piquer un humain
Dans certains pays, la société civile est contre les expérimentations d'OGMImage : picture-alliance/dpa/Center for Disease Control/J. Gathany

Ils seront des millions de moustiques à être lâchés en Floride. Le projet a été validé par les autorités sanitaires de cet Etat américain. Une société privée va lâcher, en 2021, des millions d'insectes génétiquement modifiés dans le but de diminuer le nombre de contaminations à la dengue. Alors que des essais sont déjà en cours au Burkina-Faso, cela n'est pas sans susciter des questions. 

Comment ça marche ?

À en croire la société britannique Oxitec à l'origine du projet, la solution pourrait être révolutionnaire. Car ces moustiques génétiquement modifiés sont tous des mâles. Or chez ces insectes, ce sont les femelles qui piquent l'homme, car elles ont besoin de sang pour se reproduire. Les mâles génétiquement modifiés iront donc s'accoupler avec ces femelles nées naturellement mais ils possèdent un gène qui empêche les femelles qui naîtront de ces accouplements de survivre jusqu'à l'âge adulte. Et donc de se reproduire à leur tour.  

Ecouter aussi → Les casules santé de la DW, premier épisode sur la dengue

Les chercheurs espèrent donc ainsi faire baisser la population de moustiques au fil du temps. Et réduire les risques de piqûres et contaminations à la dengue ou au virus Zika. De tels essais ont déjà été menés au Brésil ou même au Burkina Faso depuis 2019. "Aucun risque pour l'humain ou l'environnement", répète la société Oxitec.  

Et est-ce vraiment une bonne idée ?  

La société Oxitec éspère réduire les populations de moustiquesImage : picture-alliance/dpa/P. Pleul

Le problème, c'est que tout ne se passe pas toujours exactement comme prévu. Au Brésil, certains femelles nées de pères mâles génétiquement modifiés ont tout de même survécu. Des études l'ont prouvé au grand dam de la firme britannique. Les populations de moustiques classiques sont même reparties à la hausse. Impossible d'affirmer que cela a eu des conséquences sur la santé humaine ou l'environnement jusqu'alors. Mais dire que cela est sans risque n'est pas juste non plus.  

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Il est difficile de savoir ce qu'il peut se passer ensuite avec ces moustiques OGM de laboratoire capables de se reproduire dans la nature.  Au Burkina Faso, au Brésil ou en Floride, des associations citoyennes se mobilisent pour alerter et tenter de faire stopper ces essais. Certains chercheurs accusent même la firme Oxitec, poussée selon eux par des intérêts commerciaux, de vouloir aller trop vite. Plus d'un milliard de moustiques OGM ont déjà été envoyés dans la nature.  

Aujourd'hui, certains scientifiques plaident donc pour plus de réflexion, de recherches et de prudence avant de lâcher ces moustiques dans la nature. En Floride, l'autorisation a été donnée par quatre voix contre une par l'autorité de contrôle.