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De l'eau au moulin de l'extrême droite

27 avril 2011

Les journaux allemands reviennent sur le sommet franco-italien qui a réuni mardi, à Rome, Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi. Les deux dirigeants ont cherché à s'entendre sur la question des réfugiés d'Afrique du Nord.

Silvio Berlusconi et Nicolas Sarkozy le 26 avril à RomeImage : picture-alliance/dpa

L'idée que la majorité de ces migrants cherche à venir en France donne des maux de tête au président Sarkozy, observe die tageszeitung. Non pas parce que l'arrivée de quelques dizaines de milliers d'immigrés dépasse les capacités d'accueil de la France, mais parce que leur afflux via la frontière italienne apporte de l'eau au moulin xénophobe du très populiste Front national de Marine Le Pen. Marine Le Pen qui conteste de plus en plus son leadership dans le camp conservateur.

Marine Le Pen est donnée comme l'une des favorites de la présidentielle française de 2012Image : AP

Avec sa tentative de mobilisation nationaliste pour la défense du pays, Sarkozy veut adresser un message à l'électorat qui a migré vers l'extrême droite. Mais, pour die tageszeitung, le président français devrait savoir qu'il est contreproductif de jouer la carte de la xénophobie pour tenter de freiner l'avancée du Front national.

La Süddeutsche Zeitung considère comme une mauvaise plaisanterie le fait que Sarkozy et Berlusconi appellent désormais à réformer les accords de Schengen et à limiter la liberté de circulation à l'intérieur de l'Union européenne. Au lieu de s'isoler, note le journal, les Européens feraient bien mieux de venir en aide aux gens dans le besoin dans leur pays d'origine, pour qu'ils aient une chance d'y vivre décemment.

L'afflux de réfugiés venus de Tunisie a provoqué de vives tensions entre Rome et ParisImage : DW

On peut observer cela de l'autre côté de l'Atlantique. Là-bas, les Etats-Unis ont certes sécurisé leur frontière avec le Mexique, mais ils ont aussi investi chez leur voisin. Et le boom des exportations, notamment de textiles, vers les Etats-Unis le montre bien : ça marche.

Le Tagesspiegel enfin s'interroge sur l'attitude des Occidentaux vis-à-vis de la Syrie. Le doute est en train de s'imposer, que l'on fait du deux poids, deux mesures. Est-ce parce que le patibulaire dictateur Kadhafi faisait une meilleure cible pour une guerre du bien contre le mal que le syrien introverti Assad? Le seul fait que l'on évoque des intérêts différents dans ces deux situations ne nous éclaire pas beaucoup. Politique des valeurs contre Realpolitik - les hésitations de l'Occident sur une question aussi fondamentale n'augurent rien de bon pour de futurs conflits.

Auteur : Sébastien Martineau
Edition : Cécile Leclerc