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De l'eau, des bottes et des élections

Anne Le Touzé4 juin 2013

Le sud et l'est de l'Allemagne sont frappés par des inondations exceptionnelles. Au-delà de la catastrophe, les journaux commentent la visite d'Angela Merkel dans les régions sinistrées, à trois mois des législatives.

Les bottes, un accessoire indispensable dans les régions touchées par les inondations
Les bottes, un accessoire indispensable dans les régions touchées par les inondationsImage : picture-alliance/dpa

En 2002, rappelle die tageszeitung, c'est Gerhard Schröder qui, les bottes aux pieds, avait mis en scène ses capacités de gestionnaire de crise dans l'est de l'Allemagne inondé. Le chancelier avait ensuite créé la surprise en remportant les élections. Onze ans plus tard, Angela Merkel surfe à son tour sur la vague des inondations, tandis que son adversaire social-démocrate au scrutin de septembre, Peer Steinbrück, reste lui sur le carreau, ironise le journal.

Angela Merkel, les bottes aux pieds, une image qui rappelle celle d'un autre chancelierImage : picture-alliance/ dpa/dpaweb

Pour la Thüringer Landeszeitung, la chancelière a raison d'enfiler ses bottes pour se rendre compte par elle-même de l'ampleur de la catastrophe. C'est à la fois une preuve de compassion et un symbole politique. Elle dit en substance : « Nous qui sommes au sommet, nous sommes là si vous avez besoin de nous »

On verra quel profit politique sera tiré de ces événements, commente Die Welt, mais le maire de Grimma, une ville déjà sinistrée en 2002, a déjà résumé l'essentiel : « Deux inondations exceptionnelles en onze ans, c'est beaucoup trop. » À l'instar de nombre de ses confrères, le quotidien appelle à réfléchir au problème de la maîtrise des fleuves. On apprend ainsi que la vitesse du Rhin a doublé ces dernières années, en raison de la modification de son cours. Il est possible que le changement climatique joue un rôle dans ces inondations, tout comme il est possible que la nature soit capricieuse. Mais ce qui est clair, souligne Die Welt, c'est que les fleuves ont besoin de place. Ceux qui l'ignorent doivent en assumer les risques.

Grimma, près de Leipzig, de nouveau envahie par les eauxImage : picture-alliance/dpa

Alors que le mot "déluge" est sur de nombreuses bouches, la Süddeutsche Zeitung relativise l'étendue de la catastrophe. Contrairement à d'autres régions du monde, ici la plupart des digues résistent assez bien. Et les sinistrés trouvent refuge quelque part. Le journal relève par ailleurs un aspect positif : la renaissance d'un sentiment collectif. Des gens qui se disputent habituellement pour une place de parking ou la couleur d'une clôture s'aident aujourd'hui mutuellement à porter des sacs de sable pour empêcher l'eau de passer. La Süddeutsche trouve cela réjouissant.