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De mandat en mandat...

Christophe Lascombes5 mars 2009

Aujourd'hui, deux thèmes font la Une : le retrait de la candidature d'Erika Steinbach au Conseil de Surveillance de la Fondation contre les Expulsions et le mandat d'arrêt lancé contre le président soudanais.

C'est le premier chef d'état en exercice à faire l'objet d'un mandat d'arrêt lancé par la Cour Internationale de La HayeImage : AP

Pour die Welt, si l'on peut critiquer les positions de madame Steinbach et voir en elle une conservatrice pur jus, on ne peut pourtant ignorer son travail. A la tête de la Fédération des Expulsés, elle a réussi à transformer sa formation en une organisation qui reconnaît, même de mauvais gré, les résultats géopolitiques de la Seconde Guerre mondiale. Il est grotesque que certains en Pologne la traitent de « monstre blond » voire affirment, comme l'a fait Vlasdislav Bartoszewski, chantre de la réconciliation germano-polonaise et aujourd'hui conseiller du gouvernement de Varsovie, qu'elle a fait du révisionisme son métier. Apparemment, c'est le fusible idéal pour donner un signe visible à la politique de détente pratiquée des deux côtés de la frontière.

Pour faire plaisir à Berlin et à Varsovie, Erika Steinbach, Présidente de la Fédération des Expulsés retire sa candidature controverséeImage : AP

Ici, la Frankfurter Allgemeine Zeitung est on ne peut plus claire : Berlin va donc bénéficier de cette exposition permanente dédiée aux expulsions de populations. Pourtant, cela veut dire que ce « signe clair » comme le disent les politiques, placera les expulsés des territoires de l'Est sous curatelle politique dans le domaine de la culture du souvenir, même si tout le monde prétend le contraire dans le sillage de la normalisation des relations entre Allemands et Polonais dans le cadre européen. De fait, ils sont pour ainsi dire dépouillés de leurs droits dans une affaire qui les concerne au plus haut point.

Le résultat de 21 ans de guerre civile dans le Sud-Soudan...Image : AP

Comme ses confrères, le quotidien revient aussi sur cette grande première qu'est le mandat d'arrêt lancé par la Cour Internationale de Justice de La Haye à l'encontre d'Omar El Béchir, baptisé en Une le « Boucher du Darfour » par la Tageszeitung, en titre d'une photo présentant les restes mortels de victimes d'un massacre dans la région de Mukjar. La classe politique soudanaise doit maintenant se demander si elle choisit la solidarité avec un criminel de guerre ou si elle ose un nouveau début permettant de résoudre la crise soudanaise.

Carte du Soudan avec le Sud-Soudan et le Darfour

Ce qui fait dire à la Frankfurter Rundschau : si c'est un saut quantique dans le droit international, les critiques affirment qu'il ne s'agit là que d'un spectacle politique et craignent que désormais, il n'y aura plus de paix au Dafour et que le Soudan va exploser. Comme si l'unité de l'état le plus étendu du continent africain, qui deviendra caduque au plus tard en 2011 lors du référendum qui consacrera la partition du Sud-Soudan, pouvait justement être assurée par un Omar El-Béchir qui ne recule pas devant les pires atrocités ! Heureusement que les juristes ne sont pas des hommes politiques !