1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Les habitants d'Adjamé village forcés à dormir dehors

1 août 2024

Victimes de l'opération de déguerpissement, les habitants sont sans domicile, obligés de dormir dehors.

Au milieu de décombres, un jeune homme se tient debout et semble chercher des affaires sous des tôles métalliques
De nombreux habitants n'ont pas eu le temps de récupérer leurs affaires et ont tout perduImage : Issouf Sanogo/AFP

Ils ont été évacués de leur quartiers et leurs maisons ont été détruites par des pelleteuses la semaine dernière. Les habitants d'Adjamé village, dans la ville d'Abidjan, sont désormais sans domicile.

Installés sur le tracé de la voie annexe reliant l'échangeur de la commune de Cocody à l'Est au 4ème pont menant à Yopougon dans le nord de la ville, ils ont été violemment déguerpis avant de voir leurs maisons démolies par des machines en présence de nombreux policiers.

Les opérations ont d'ailleurs couté la vie à deux personnes a annoncé, mercredi, le porte-parole du parti au pouvoir, le Rassemblement des Houphouëtistes, Kobenan Kouassi Adjoumani. Les autres habitants sont désormais obligés de dormir dans la cour de la chefferie et de l'église catholique. 

Solidarité des habitants

"Moi et mes frères, on est éparpillés", raconte Régine Assi. "On part dormir chez des amis, chez des connaissances. Aujourd'hui j'ai un ami, il habite à Abobo, c'est chez lui que je vais dormir", explique-t-elle, assise sous une bâche.

Les opérations de déguerpissements ont repris massivement en février dans plusieurs quartiers du district d'AbdijanImage : Issouf Sanogo/AFP

Tout près d'elle, Claude-Christelle Beugré est couchée sur un matelas, après avoir été blessée lors de la démolition de sa maison. "J'ai couru pour pouvoir sortir. Je suis tombée, les gens m'ont soulevé, ils m'ont emmené dehors", raconte-t-elle. "Le temps de revenir, ils ont cassé tout, mes affaires sont dans la maison, tous les diplômes de mes enfants, tout est ensevelis. Je n'ai pas d'endroit où aller."

Désormais les principales voies d'accès à Adjamé village, à quelques encablures de la plus grande caserne de pompiers du pays, sont bloquées par un impressionnant détachement de police. De loin, on aperçoit un vaste champ de ruine à perte de vue.

"C'est une situation inhumaine"

En attendant de trouver des solutions, dans la cour de la chefferie, pour se rendre utiles à leur communauté, Cécile Adja, Passi Luciane Aké et d'autres femmes préparent le repas du soir pour des centaines de personnes. Cinquante kilos de viande et autant de kilos de riz sont travaillées quand on les rencontre.

La majeure partie de tous ces déplacés rencontrés dans la cour de la chefferie d'Adjamé-village ont tout perdu dans les décombres de leurs maisons. Certains portent les mêmes vêtements depuis jeudi dernier.

La solidarité s'organise sur place. "Je suis venue apporter des vêtements", confie Vanessa Koffi, une habitante qui raconte qu'une collecte de vivres et da matériels divers est en cours.

Des chefs qui se sentent démunis

Cela n'empêche que les responsables de la chefferie d'Adjamé-village, qui n'avaient pas prévu un tel déferlement après la démolition des maisons de leurs administrés, se disent débordés par la situations.

"Ces personnes vivent dans une situation désastreuse, une situation inhumaine", se fâche Prospère Mobio, secrétaire général et porte-parole de la chefferie d'Adjamé village. "Nous essayons de donner un peu d'eau, un peu de sandwich, du pain, mais ça s'arrête là. Aucun membre de l'Etat de Côte d'Ivoire n'est venu à ce jour, nous apporter leur assistance", déplore-t-il. 

Face à cette situation, le gouvernement et le district restent silencieux.

La seule réponse concernant l'indemnisation des 390 familles impactées est venue de l'agence de gestion de routes (AGEROUTE) qui explique dans un communiqué que la somme de près de quatre milliards de francs CFA placée sur un compte bloqué devrait servir à dédommager les populations impactées.