"Aux Etats-Unis d'Afrique", une vision improbable?
13 février 2015"Aux Etats-Unis d‘Afrique"
"Un menuiser suisse, qui n'a jamais vu un morceau de savon, né près de Zürich, dans un bidonville où le Sida sévit, a enfin réussi à rejoindre Banjul, la métropole florissante sur le littoral ouest-africain. Dans la rue, les gens se retournent sur son passage, fascinés comme des ethnologues peuvent l‘être à la vue d'une tribu primitive dans les régions les plus septentrionales de la Bavière."
C'est ainsi que commence le roman "Aux Etats-Unis d‘Afrique", un exemple de ce nouveau genre littéraire afrofuturiste. Dans l'univers d‘ Abdourahmane Waberi, un écrivain de Djibouti, des hordes d'Européens et d'Américains émaciés se lancent à l'assaut de la forteresse Afrique, de pauvres diables blanchâtres aux cheveux ridiculement raides, aux poumons malades et aux dents gâtées. Une petite parisienne est adoptée par un médecin érythréen. En France, des organisations humanitaires afghanes distribuent des surplus alimentaires de Corée du Nord, tandis qu'aux Etats-Unis d'Afrique la presse à sensation attise les ressentiments et avertit du "danger blanc". La petite fille blanche adoptée grandit dans le luxe africain et entreprend plus tard un voyage vers le pays de ses racines, "au coeur des ténèbres francaises".
Parmi ce nouveau genre de romans "afrofuturistes", beaucoup dépeignent un avenir dans lequel l'Afrique se porte mieux que le reste du monde. Ou bien, seule l'Afrique est encore là, après une 3ème Guerre Mondiale. Ou bien des Africains partent à la découverte de la planète Mars. La Süddeutsche voit la source de cet “Afrofuturisme“ aux Etats Unis d'Amérique dans les visions du Noir américain Sun Ra, pionnier du jazz, originaire d'Alabama et qui dans les années 70 déjà, rêvait de vivre sur une planète éloignée de la Terre, planète sur laquelle aucun Blanc n'aurait jamais accès.
Autre thème: l'intrusion des terroristes de Boko Haram au Niger
Sous le titre, "L'avancée des fanatiques", la taz, die tageszeitung évoque la terreur que le groupe islamiste nigérian Boko Haram répand aussi au Niger voisin, notamment à Diffa, capitale provinciale du sud- est du pays. Maintenant la guerre est arrivée au Niger. La population fuit, les bureaux et les écoles sont fermées, la plupart des magasins également. Le journal cite Hassane un instituteur de Diffa : "Le principal objectif des terroristes est de semer la panique, de détruire la normalité". Depuis des mois les habitants de toute la région savent que les terroristes sont là. Ils sont arrivés avec plus de 125.000 réfugiés venant du Nord Nigeria et sont dans les camps à la frontière. La population nigérienne approuve en tout cas la décision du Parlement lundi dernier de pouvoir au besoin envoyer des troupes nigériennes par delà la frontière, au Nigéria dans le cadre d'une force internationale contre Boko Haram. Même si beaucoup se doutent que le problème Boko Haram ne peut être résolu par des seuls moyens militaires. La taz souligne que l'unanimité soudaine de la classe politique nigérienne contre Boko Haram, apparaît comme un signe de solidarité nationale qui contraste avec la désunion habituelle des politiciens nigériens.