Le Malien Mamadou Hawa Gassama toujours détenu à Abidjan
15 juillet 2025
En Côte d'Ivoire, l'arrestation du député malien Mamadou Hawa Gassama continue de faire réagir. Proche des autorités maliennes, l'élu a été interpellé début juillet à Abidjan, alors qu'il s'apprêtait à embarquer pour Bamako. Il est actuellement détenu à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan.
Mamadou Hawa Gassama est poursuivi pour outrage au chef de l'État ivoirien, incitation à la haine et atteinte à la sûreté de l'État.
Depuis, aucun communiqué officiel n'a été publié, ni à Abidjan, ni à Bamako. Une situation qui soulève des interrogations dans les milieux politiques.
Le sociologue Mohamed Amara y voit un message politique dans un contexte régional tendu. Selon lui, "on peut l'interpréter comme une espèce de règlement de compte, pour un peu montrer ses muscles vis-à-vis du Mali et faire payer le Mali suite à l'arrestation des 49 soldats ivoiriens. Car on arrête quelqu'un qui, dans ce cadre-là, avait proféré un discours qui était mal venu vis-à-vis du président ivoirien".
Lettre d'excuses au président Ouattara
Son avocat, maître Mamadou Ismaïla Konaté, assure que Mamadou Hawa Gassama est en bonne santé. Il aurait adressé une lettre d'excuses au président ivoirien Alassane Ouattara.
Contacté, maître Konaté n'a pas souhaité commenter publiquement.
À Bamako, le silence officiel suscite des interrogations, comme le constate Kady Maïga, journaliste au quotidien L'Indépendant. "Je dirais qu'une partie de la population et certains commentateurs sur les réseaux sociaux perçoivent la situation comme une provocation, ou du moins comme une forme d'irrespect envers un représentant du peuple malien", explique-t-elle.
Au Mali, la réaction reste toutefois limitée, la population semblant peu se mobiliser pour le cas de Mamadou Hawa Gassama, assure Sidiki Kouyaté, du mouvement Yerewolo Debout sur les remparts.
Pour lui, "Gassama, il appartenait à une force politique et aujourd'hui, que ce soit la classe politique ou encore les organisations à caractère politique, même la société civile, les gens n'ont plus cette énergie-là, de se mobiliser pour une telle raison. Les Maliens sont divisés sur la question. Il y a des Maliens qui pensent que si d'autres sont arrêtés au Mali, il n'y a pas de mal que Gassama soit arrêté en Côte d'Ivoire. Grosso modo, il est très difficile de faire une lecture claire et nette de ce que les Maliens voient à travers cette arrestation".
Un incident privé
Le journaliste et analyste politique ivoirien, André Sylver Konan, considère pour sa part qu'il s'agit d'un incident privé qui n'aurait pas été prémédité.
Il note que "l'ancien député, donc membre du CNT, était en Côte d'Ivoire à titre privé, personnel. Même le président du CNT n'était pas informé. Donc ceci explique le silence des autorités maliennes. Je note également le silence des autorités ivoiriennes. Je ne peux pas attester que les chefs d'accusation, dont certains médias parlent, sont vraiment les vrais chefs d'accusation. Je pencherais davantage pour des troubles à l'ordre public, par exemple. Parce qu'il a fait une scène à l'aéroport. Il faut bien comprendre qu'il avait fini son séjour, et que c'est à son retour que ça s'est passé. Donc l'objectif de son arrestation n'était pas du tout prémédité".
Mamadou Hawa Gassama est toujours en détention, à Abidjan. Aucune date de procès n'a été annoncée. Ni Bamako ni Abidjan ne se sont exprimés publiquement sur ce dossier.