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Dernière chance pour l'ANC en Afrique du Sud

Patricia Huon
8 mai 2019

Vingt-cinq ans après les premières élections multiraciales, le parti au pouvoir depuis 1994 a perdu de son aura. L'élection des députés et représentants provinciaux est un test pour l'ex-mouvement anti-apartheid.

Südafrika Wahlen Wählerin in Seshego
Image : Reuters/M. Bosch

"Nous ne pouvons pas continuer à nous plaindre et ne rien faire"

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26 millions d'électeurs sud-africains étaient appelés aux urnes mercredi (08.05.2019) pour élire les députés et les représentants d'assemblées provinciales. Les bureaux de vote étaient ouverts jusqu'à 21 heures (19h GMT).

C'est un scrutin important en Afrique du sud et surtout pour l'ANC. Les scandales de corruption qui ont émaillé les deux mandats de l'ex-président Jacob Zuma ont profondément endommagé l'ancien mouvement de la lutte anti-apartheid, dont l'image a également souffert de l'incapacité du gouvernement à redresser l'économie.

Perte de confiance à Soweto, bastion de l'ANC

Même dans le quartier de Soweto, où vécu Nelson Mandela et d'autres figures de la lutte contre l'anti-apartheid, la confiance de la population s'est érodée.

"Il faut un changement. Nous ne pouvons pas continuer à nous plaindre et ne rien faire. Le parti des Combattants pour la liberté économique va grandir. Cela veut dire qu'ils ne pourront plus prendre de décision sans nous", témoigne un habitant.

Mené par le nouveau président, Cyril Ramaphosa, l'ANC reste néanmoins presque certain de conserver sa majorité au Parlement. L'opposition peine encore à convaincre et le parti profite toujours de son crédit historique et d'une puissante machine électorale.

"Je suis né sous ce gouvernement de l'ANC. Pourquoi changer? L'ANC a fait beaucoup pour nous. Mais il faut faire des changements dans le parti. Il faut arrêter la corruption et créer des emplois. Je leur laisse une chance", confie un électeur.

Combattre la frustration par l'action

Malgré une victoire quasi-certaine pour l'ANC, l'élection n'est pas pour autant sans enjeu. 

"Le vote pour l'ANC s'érode de manière exponentielle à chaque élection", explique Daniel Silke, analyste politique indépendant. "Il y a une frustration, pas seulement par rapport à la corruption, mais aussi à la faible performance économique. C'est peut-être la dernière chance pour l'ANC d'essayer de changer les choses."

Il sera intéressant de voir le score qu'obtiendra l'ANC. Une large majorité donnerait bien entendu une plus grande marge de manœuvre à Cyril Ramaphosa qu'une victoire sur le fil.