Des armes chinoises pour défendre la paix en Afrique
15 juillet 2019La première fois que des soldats chinois ont foulé le sol africain, c'était en 2011 pour superviser le rapatriement d'environ 35.000 Chinois de Libye, en pleine guerre civile.
Huit ans plus tard, la présence chinoise est devenue normale en Afrique. 2.000 casques bleus chinois participent aux missions de paix de l'ONU, notamment au Soudan du Sud et au Mali. Pékin a ainsi ouvert en 2017 sa première base militaire étrangère à Djibouti.
La paix plutôt que la défense
Le forum, convoqué à l'initiative du ministère chinois de la Défense, réunit à Pékin de hauts représentants militaires de la plupart des pays d'Afrique.
Lors de sa première édition l'an dernier, il avait pour titre "Défense et sécurité". Le terme de "défense" a été remplacé par celui de "paix" - signe des nouvelles priorités de la Chine selon Cobus van Staden, de l'institut sud-africain pour les Affaires internationales (SAAIA):
"Le changement de titre montre que la Chine veut davantage se concentrer sur la paix et c'est intéressant de voir si la préservation de la paix va y jouer un plus grand rôle. Dans le passé, la Chine a joué un grand rôle, par exemple en envoyant des soldats au Soudan du Sud dans le cadre d'une mission de paix de l'ONU, où les troupes chinoises ont enregistré des pertes humaines."
La politologue Lina Benabdallah, spécialiste de la politique africaine de la Chine à l'université américaine Wake Forest, ne s'attend pas à des changements notoires lors de cette deuxième édition.
Selon elle, la Chine cherche avant tout à développer sa présence en Afrique, par une coopération renforcée avec l'Union africaine, des missions de formation de la police et une participation plus importante aux missions de paix.
"Nous attendons des résultats similaires à l'an dernier, à savoir la création de liens solides et forts entre les représentants militaires chinois et leurs homologues africains."
La Chine, deuxième fournisseur d'armes à l'Afrique
Parmi les points à l'ordre du jour du forum : les armes. En 2018, la Chine est devenue un des principaux fournisseurs pour les armées africaines, juste derrière la Russie. Les Chinois proposent des équipements militaires modernes et bon marché. Pour Lina Benabdallah, la vente d'armes chinoises aux Africains a un arrière-goût amer :
"Je pense que c'est une situation paradoxale. Le gouvernement chinois est prêt à participer à la vision de l'Union africaine de "faire taire les armes d'ici à 2020", mais l'industrie de l'armement chinoise ne suit pas forcément les objectifs de politique étrangère. Elle a intérêt à vendre des armes et non pas à les faire taire. Il y a un conflit d'intérêt permanent."
La Chine a également ouvert en 2017 sa première base étrangère, à Djibouti. Celle-ci joue un rôle central dans le rapprochement de Pékin avec l'Afrique.
Au-delà du militaire, le petit État situé dans le Golfe d'Aden a un intérêt stratégique puisque c'est un carrefour dans les nouvelles routes de la soie, un projet-phare du président Xi Jinping.
Une ligne de chemin de fer, financée et construite par la Chine, doit relier le port de Djibouti à Addis Abeba, la capitale éthiopienne. À terme, un réseau ferroviaire doit couvrir toute l'Afrique de l'Est.