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Des artistes en soutien aux victimes d'Hissène Habré

Blaise Dariustone
26 juillet 2019

Au Tchad, les victimes des atrocités commises par le régime d'Hissène Habré ne sont plus seules dans leur lutte pour obtenir réparation. Pour la deuxième, un concert de sifflets et de casseroles a eu lieu à Ndjamena.

Justizministerium in Ndjamena
Image : DW/F.Quenum

Le 25 mars 2015 soit plus de 4 ans aujourd’hui, une cour criminelle spéciale siégeant à N’Djamena a condamné 25 ex-collaborateurs du régime Hissein Habré pour divers crimes. La cour a aussi condamné l’État tchadien à verser 75 milliards FCFA (soit un peu plus de 114 millions d'euros) à titre de réparation à 7 milles victimes. Mais depuis lors rien a été fait.

C’est pourquoi, les artistes et les activistes ont décidé de soutenir les victimes en organisant tous les vendredis une journée de concert de casseroles et de sifflets en leur faveur. 
Ils sont nombreux, les artistes de différentes catégories et les activistes à rejoindre, les victimes du régime Hissène Habré. Munis de sifflets et de casseroles, ils ont battu le pavé devant le siège de l’association des victimes sous le regard des passants.

Après la pause, le concert à repris de 15 heures à 17 heures. L’artiste musicien Alfred Ngueita alias N2A est l’un des initiateurs de cette action :

‘’Je me sens dans l’obligation d’apporter mon soutien en tant qu’artiste parce que le règne de Hissène Habré d’une manière ou d’une autres, tout le monde en est victime. Aujourd’hui les mamans revendiquent juste une réparation. Il se passe un silence de cimetière, je me dis mais pourquoi ça, parce que ces cris des mamans là ça fait plus de 4 ans déjà. Si c’était un État qui respecte vraiment sa population, il devrait juste s’arranger pour venir au moins les écouter et trouver un terrain d’entente. Mais ça perdure, moi en tant qu’artiste, il faut faire un geste, apporter un soutien, appeler la presse pour diffuser l’information afin de déranger un peu ceux qui font la sourde oreille pour qu’ils entendent quand même les crient de ses femmes-là.’’ 

Si les autorités restent silencieuses, les artistes promettent d'augmenter la pression a ajouté pour sa part Alain Kemba Didah, activiste des droits humains.

‘’Le soutien prendra diverses formes jusqu’à ce que ces victimes puissent êtres entendues par le pouvoir public. Il y a également d’autres actions qui sont en train d’être ficelées par les artistes et les activistes qui sont ici présents pour soutenir ces victimes.‘’

Ce soutien vient soulager les victimes qui comme cette femme qui requiert l’anonymat, se disent émues.

‘’Nos enfants, les artistes, ont vu comment nous souffrons sous se soleil ardent de 40 à 45° degrés. Et c’est comme ça qu’ils se sont portés garant à venir nous soutenir. Quand je les ai vu là, j'ai failli même verser des armes parce qu’ils ne sont pas des victimes, mais ils sont venus rester au soleil avec nous. Et c’est pour la seconde fois. Ça nous a beaucoup marqués. Et ça nous donne un peu d’espoir que vraiment les gens sont derrière nous en train de nous soutenir.‘’

Outre la revendication de l’indemnisation, les victimes se disent écœurés de constater que la plupart de leurs bourreaux condamnés jouissent de leur liberté sans être inquiétés. Il faut rappeler qu'envrion 40 mille personnes ont été tuées entre 1987 et 1990 sous le régime dictatorial de l’ancien président tchadien Hissein Habré.

Blaise Dariustone Correspondant au Tchad pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais