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Des banques culturelles pour sauver le patrimoine africain

17 avril 2020

On ne sait pas exactement combien de masques, sculptures et trouvailles archéologiques sortent chaque année illégalement d'Afrique de l'Ouest. Cela pourrait être évité grâce à la mise en place de musées locaux.

Des bronzes du Bénin
Des bronzes du BéninImage : picture-alliance/dpa/D. Bockwoldt

"Il y avait des pilleurs qui vivaient et travaillaient sous nos yeux" (Daouda Keita)

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Daouda Keita est assis dans son bureau au Musée national du Mali, à Bamako. Le musée a une collection archéologique et ethnographique de renom et est réputé pour son grand jardin de verdure.

Le directeur du musée, lui-même archéologue, s'est fixé comme objectif de soutenir la conservation du patrimoine malien dans tout le pays. Il s'engage pour la mise en place de "banques culturelles". La première est née en 1997 à Fombori, une localité située en pays dogon, dans l'est du Mali :

"Les premières banques culturelles ont été construites à partir d'un financement obtenu à la Banque mondiale. Il y avait un Américain de Peacecorps qui m'a proposé de participer à une compétition. Et heureusement pour nous, nous avons été primés."

Ces objets sont utilisés pour les cérémonies au BéninImage : DW/K. Gänsler

Des sources de revenus pour les villageois

La banque culturelle est une sorte de musée de village. Les membres de la communauté villageoise peuvent y déposer les masques, sculptures ou autres objets culturels en leur possession pour qu'ils soient exposés.

En échange de leur prêt, ils reçoivent de l'argent qu'ils peuvent par exemple réinvestir dans l'agriculture. Le concept a fait des émules, notamment au Nigeria et au Bénin.

"La banque culturelle permet aussi de procurer des ressources financières aux communautés pour leur bien-être", résume Frank Komlan Ogou, directeur intérimaire de l'École du Patrimoine africain (EPA) à Porto Novo.

Les banques culturelles sont aussi un moyen de lutter contre le trafic illégal d'objets du patrimoine culturel. Son volume est difficile à estimer, mais il représente un véritable problème pour les pays d'Afrique, notamment au Mali où la situation sécuritaire favorise ces activités, déplore Daouda Keita.

"En 2014, on a été en mission sur des sites archéologiques dans la région de Mopti, dans le cercle de Douentza. On a trouvé plusieurs dizaines de sites détruits à 100%. Il y avait des pilleurs qui vivaient et travaillaient sous nos yeux, qui n'avaient pas peur de nous et qui faisaient le commerce devant nous."

Theophilus Umogbai milite pour le retour des objets d'arts volésImage : DW/K. Gänsler

Campagnes de sensibilisation au Nigeria

Confronté au même problème, le Nigeria mène des campagnes actives de sensibilisation auprès de la population. C'est ce qu'explique Theophilus Umogbai. Il est directeur du Musée national de Benin City, dans le sud du pays, la ville d'où sont issus la majorité des célèbres bronzes du Bénin :

"Nous organisons des campagnes de sensibilisation à la télévision et à la radio: nous parlons de la signification des objets et du fait qu'ils ne doivent pas être vendus ou exportés à l'étranger illégalement."

Les musées du Nigeria collaborent avec des antiquaires pour dénicher les propriétaires qui envisagent de vendre leurs objets et négocier avec eux la conservation de ce patrimoine dans son pays d'origine.

"Il y avait des pilleurs qui vivaient et travaillaient sous nos yeux" (Daouda Keita)

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