Des chars et la marine contre les manifestants
14 août 2011Pour la première fois depuis le début du mouvement de contestation, le pouvoir syrien a fait intervenir la marine de guerre. Dès dimanche matin, de fortes explosions ont été entendues dans différents quartiers de la ville côtière de Lattaquié. L'Observatoire syrien des droits de l'Homme fait état de plus d'une vingtaine de morts et de plusieurs dizaines de blessés. Lance-roquettes, mitrailleuses à gros calibres, blindés et vedettes militaires : le régime syrien a déployé l'arsenal au grand complet pour mater le mouvement de contestation. Les forces de l'ordre ont procédé à de nombreuses arrestations dans la nuit de samedi à dimanche. Il y a trois mois déjà, Bachar al-Assad avait fait intervenir l'armée à Lattaquié, mais plus rien désormais ne semble arrêter les manifestants.
La révolte des sunnites
Ces derniers jours ont été marqués par de nouvelles manifestations contre le pouvoir. Plusieurs milliers de civils étaient sortis dans la rue pour défier le régime, notamment vendredi, jour de la grande prière. Une composante ethnique s'ajoute aux revendications politiques. La population de Lattaquié est à majorité sunnite, alors que l'Etat et l'armée sont aux mains de la minorité alaouite au pouvoir. A Lattaquié comme à Damas, les habitants sont toujours isolés du monde, l'armée recourant de plus en plus fréquemment à des coupures des communications téléphoniques et d'internet.
Stopper le bain de sang
Sur le plan diplomatique, le président américain Barack Obama, le premier Ministre britannique David Cameron et le roi saoudien Abdallah ont exigé un arrêt "immédiat" des violences. Dans le même temps, le Canada a gelé les actifs de quatre nouveaux dignitaires du régime. Six ONG de défense des droits de l'Homme appellent à la libération "immédiate" d'Abdel Karim Rihaoui, le président de la Ligue syrienne des droits de l'Homme. Il était jusqu'ici une source importante d'informations pour la presse étrangère. D'après un décompte de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, près de 1.800 civils et plus de 400 membres des forces de l'ordre ont été tués depuis le début de la révolte mi-mars.
Auteur : Cécile Leclerc, AFP, Reuters
Edition : Moulay Abdel Aziz