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Des députés belges traquent d'anciens Waffen-SS

21 février 2019

En Belgique, des députés tentent d'obtenir les noms d'anciens engagés volontaires dans la Waffen-SS qui continuent de toucher une pension de vétérans de l'Etat allemand.

2. Weltkrieg Poster Belgische Waffen SS
Image : picture-alliance/dpa/arkivi

74 ans après la fin de la Seconde guerre mondiale et la défaite du régime nazi, une trentaine de Belges continuent de toucher des pensions de la part de l'Allemagne, pour avoir été membres de la Waffen-SS, c'est-à-dire de l'armée raciale d'élite créée par Himmler et Hitler. Choqué, le Parlement belge veut y mettre un terme. Mais pas sûr qu'il y parvienne.

Ils ont tous plus de 90 ans et continuent de toucher chaque mois une retraite de 425 à 1275 euros. Des chiffres avancés par le chercheur belge Alvin de Coninck, spécialiste du nazisme.

Adolf Hitler et quelques hauts dignitaires de sa garde SS, en Prusse orientale Image : Marina Amaral

Les travailleurs forcés ont des pensions plus petites

Dans une interview au journal "De Morgen", celui-ci établit une comparaison qui choque : les années qu'un ressortissant belge a passé derrière les verrous pour avoir été membre de la Waffen-SS et avoir collaboré avec l'ennemi sont comptabilisées dans le calcul de sa retraite, tandis qu'un Belge qui a dû partir en Allemagne durant la guerre pour le service du travail obligatoire ne recevait après guerre que 50 euros par mois.

Après avoir envahi la France, la Belgique et d'autres pays voisins, Adolf Hitler avait en effet décrété que les étrangers aussi pouvaient se battre volontairement aux côtés des Allemands au sein de la Waffen-SS et qu'à ce titre ils avaient droit à une pension du Reich.

Image : picture-alliance/dpa

L'historien Martin Göllnitz, spécialiste de l'époque nazie, explique qu'"à partir du 1er janvier 1940, la Waffen-SS a été employée au service de la Wehrmacht, l'armée régulière nazie, et placée sous ses ordres. Ce qui signifie que ce n'était pas une branche du parti nazi NSDAP, mais bien une institution au service du Reich allemand. C'est pourquoi les membres de la Waffen-SS avaient droit, comme les autres soldats, à une retraite", peu importe leur nationalité.

Défilé de vétérans de la Waffen-SS en Lettonie, à Riga, en 2018Image : picture-alliance/dpa/A. Welscher

Combien sont-ils, aujourd'hui, ces anciens combattants galvanisés par les nazis à toucher encore une pension ? Difficile à dire, estime Martin Göllnitz. Mais dans les années 1990, rien qu'en Lettonie, ils étaient encore près de 1.500 anciens Waffen-SS à en bénéficier.

Refus de l'Allemagne

La polémique sur ces vétérans SS remonte à 2016. A l'époque, le Parlement belge avait déjà tenté d'obtenir le nom des bénéficiaires de la part des autorités allemandes et de faire cesser les versements. Fin de non recevoir du gouvernement fédéral qui affirme ne pas connaître l'identité des personnes concernées.

Pensions net d'impôts

Alors trois députés belges retentent leur chance, parmi lesquels Olivier Maingain, chef du parti démocrate fédéraliste indépendant. Il affirme que l'ambassade d'Allemagne à Bruxelles connaît les noms mais refuse de les communiquer au gouvernement belge. Il soupçonne donc que ces pensions, en plus d'être moralement répréhensibles, échapperaient aussi au fisc belge.

L'Allemagne a modifié sa législation en 1998 sur les pensions versées aux anciens combattants. La loi stipule que ces retraites doivent être refusées aux soldats qui ont, durant le national-socialisme, "violé les fondamentaux de l'Etat de droit", comme ceux qui "se sont engagés volontairement dans la SS".

Sauf que cette disposition ne concerne que les demandes déposées après le 13 novembre 1997. Or, la plupart des dossiers ont été acceptés bien des décennies auparavant. Et seules 99 personnes se sont vu retirer leur pension, sur près de 940.000 bénéficiaires, d'après une députée allemande du parti die Linke, Ulla Jelpke.

Autre obstacle pour les députés belges : chaque cas devra être étudié individuellement car tous les membres de la Waffen-SS n'ont pas commis des crimes de guerre.