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Des dons pour l'Afghanistan, mais quel avenir ?

5 octobre 2016

La conférence des donateurs promet des milliards pour la continuation des réformes dans le pays, encore loin d'être pacifié.

Afghanistan - Skating in Bamiyan
Image : DW/Z. Ahmady


Une conférence a réuni pour deux jours à Bruxelles près de soixante-dix pays donateurs et les représentants de l’Afghanistan. Ce sont le président afghan, Ashraf Ghani, et le président du Conseil européen, Donald Tusk, qui l’ont co-présidée. Ravagée par la guerre, l’Afghanistan dépend depuis quinze ans de l’aide extérieure. Les pays donateurs ont promis plus d'une dizaine de milliards de dollars entre 2017 et 2020. L’UE, elle, s’engage à verser plus d’un milliard d'euros par an, pour que le pays continue de se réformer et retrouve à terme un semblant de normalité.

Les forces spéciales afghanes sont en première ligne à Kundus, face aux combattants islamistes talibansImage : Getty Images/AFP/B. Khan Safi

Pactiser avec les milices ?

L’objectif principal affiché à Bruxelles est un retour de la sécurité. L’intervention américaine de 2001, appuyée par l’OTAN a permis de chasser les talibans du pouvoir, mais a aussi fortement déstabilisé le pays. Le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier:

"Nous, pays qui nous sommes engagés sur le terrain ces dernières années, sommes parvenus ensemble à ce que l’Afghanistan ne soit plus le principal centre d’entraînement au monde pour les terroristes islamistes, mais les dernières nouvelles de Kunduz montrent bien à quel point la situation reste instable et que les luttes de pouvoir continuent."

L’armée afghane a bénéficié de formations et d’équipement militaire, mais elle reste aux prises avec des milices armées.

John Kerry appelle ainsi les talibans à sceller une paix "honorable" avec les autorités de Kaboul, sur le modèle du pacte passé récemment avec un seigneur de guerre surnommé "le boucher de Kaboul". Ce dernier s’est vu promettre une amnistie pour ses crimes de guerre et la possibilité d’un retour en politique en échange de la cessation des hostilités.

En marge de la conférence, des Afghans ont manifesté contre la corruption et les discriminations dans leur paysImage : DW/M. Arif Farahmand

Des réformes encourageantes

Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU a loué les avancées des réformes lancées par le président Ashraf Ghani, élu il y a deux ans. Mais l’égalité homme/femme, le respect des droits humains en général, ou encore la lutte contre la corruption sont des combats encore loin d’être gagnés. Plusieurs centaines d’Afghans Hazaras en exil en Europe ont d’ailleurs manifesté devant le centre de conférence pour dénoncer les inégalités entre les peuples et ethnies du pays.


Les ONG ne veulent pas des conditions

Des ONG, comme Transparency International ou Amnesty International, demandent l’accélération de la lutte anti-corruption, pour s’assurer que l’aide arrive réellement à son principal destinataire: la population afghane. Par ailleurs, elles réclament que l’aide promise au pays ne soit pas conditionnée à la réadmission de migrants afghans déboutés en Europe. Un accord controversé vient en effet d’être passé en secret entre les autorités de Kaboul et l’Union européenne, qui prévoit de faciliter les expulsions de demandeurs d’asile afghans dont le dossier a été refusé, en échange de quoi l’UE finance à la fois leur retour et leur réinsertion.