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Des engagements pour financer le développement

1 juillet 2025

La conférence internationale sur le financement du développement réunit à Séville, des chefs d'Etat et de gouvernement, ainsi que quelque 4.000 acteurs de la société civile.

Les dirigeants présents à Séville, le 30 juin 2025
D'après les Nations unies, 54 pays en développement consacrent aujourd'hui plus de 10% de leurs recettes au remboursement de leur dette extérieureImage : Burak Akbulut/Anadolu/picture alliance

L'objectif de cette conférence, la quatrième du genre depuis 2002, est de trouver des solutions pour les pays du Sud, confrontés, selon les Nations unies, à un déficit de financement estimé à 4.000 milliards de dollars par an, pour tenir leurs objectifs de développement durable.

Parmi les dirigeants présents à Séville : le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye. Il s’est joint aux appels à lutter contre l’évasion fiscale et à une réforme des institutions financières internationales.

"Il est impératif de poursuivre le travail de réforme de la fiscalité internationale pour lutter plus efficacement contre l’évasion fiscale et les flux financiers illicites, renforcer la transparence et s’assurer que l’impôt soit acquitté là où la richesse est créée, c’est-à-dire dans les pays où les compagnies mènent leurs activités et tirent leurs profits.  A ce propos, le Sénégal soutient les négociations en cours pour l’adoption d’une Convention-cadre internationale sur la coopération fiscale", dit le président sénégalais.

" Lutter plus contre l’évasion fiscale et les flux financiers illicites", Bassirou Diomaye Faye

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Les conditions d'accès aux crédits dénoncées

Toujours dans son discours à l'ouverture de  cette conférence de Sévile, Bassirou Diomaye Faye a aussi dénoncé le système d’endettement mondial.  

"Le Sénégal appelle à une révision des critères de notation des agences d’évaluation dont les méthodes et les pratiques renchérissent considérablement les conditions d’accès au crédit et de remboursement. Il nous faut convenir des mécanismes de restructuration plus justes, plus diligentes et plus prévisibles, avec des clauses de suspension automatique en cas de choc."

Tout en appelant, à l’instar du Roi Mswati III d’Eswatini, à la réforme du système financier international, le président kényan, William Ruto, a tenu à souligner le rôle fondamental des financements publics internationaux. 

 Selon l'ONU, la dette extérieure des pays les moins avancés a été multipliée par trois depuis 15 ans. Le service de la dette de l'ensemble des pays en voie de développement, quant à lui, atteint désormais 1.400 milliards de dollars par an, soit son plus haut niveau depuis 20 ans.

Toujours loin des ODD

Pour Antonio Costa, président du Conseil européen, les objectifs du développement durable (ODD) sont encore hors de portée.

"Il y a dix ans, le monde a pris un engagement pour son propre avenir : les Objectifs de développement durable. Dix ans plus tard, nous sommes encore loin du compte, en grande partie parce que le financement du développement reste nettement insuffisant."

Un chiffre a dominé les débats : les 4.000 milliards de dollars à mobiliser afin d’aider les pays en développement à réaliser les objectifs de développement durable dans les délais. 

Selon le secrétaire général des Nations unies ,Antonio Guterres,"Le fardeau de la dette publique paralyse le monde en développement"Image : Burak Akbulut IMAGO/Anadolu Agency

S'attaquer aux flux financiers illicites 

António Guterres, le Secrétaire général des Nations unies, estime pour sa part que :

"Nous devons faire circuler les ressources. Rapidement. Les pays doivent montrer l'exemple en mobilisant les ressources nationales et en investissant dans les domaines qui ont le plus d'impact : les écoles, les soins de santé, la protection sociale, le travail décent et les énergies renouvelables. Pour débloquer ces investissements, il faut renforcer les systèmes fiscaux et s'attaquer aux flux financiers illicites et à l'évasion fiscale. Il faut aussi aider les pays en développement à consacrer une plus grande part de leurs recettes fiscales aux systèmes dont les populations ont besoin".

Le développement sans l'aide américaine

Cette rencontre se tient au moment où l’aide au développement est touchée de plein fouet par la réduction, par le président américain Donald Trump, de 83% des financements étrangers de l'agence de développement USAID. 

Et ces coupes américaines pourraient causer plus de 14 millions de morts, d'ici 2030, selon une étude publiée ce mardi dans The Lancet, la prestigieuse revue médicale.

Selon la déclaration de Séville, adoptée à l'ouverture de cette conférence, les États membres se mobilisent en faveur d’un "cadre mondial renouvelé" pour le financement du développement.
Ils s’engagent notamment en faveur d’une coopération fiscale internationale et la promotion de mesures visant à éliminer les paradis fiscaux, les pratiques fiscales agressives et les lacunes législatives facilitant les flux financiers illicites.