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Des femmes africaines à l'honneur dans la presse allemande

Hugo Flotat-Talon
18 octobre 2019

La presse allemande dresse cette semaine les portraits de la malienne Fatouma Harber ou encore de la Kenyane Phyllis Omido. Conflit foncier entre Ouganda et Allemagne et épidémie d'Ebola également au sommaire.

Les femmes sont restées un symbole dans la récente révolution soudanaise
Les femmes sont restées un symbole dans la récente révolution soudanaiseImage : Getty Images/AFP/A. Shazly

L'actualité du continent vue par la presse allemande, c'est chaque vendredi dans l'Afropresse sur la DW. Cette semaine les journalistes s'intéressent notamment aux femmes. La première c'est Fatouma Harber, "la femme qui a tenu tête aux islamistes et à l'Etat malien", raconte la Frankfürter Allgemeine Zeitung mercredi. "Tout le monde la connaît à Tombouctou". Fatouma Harber c'est cette militante des droits de l'homme que le journal avait imaginé différemment.

"Peut-être habillé de façon plus occidentale", écrit le journaliste. "Mais même avec un hijab noir, une robe descendante jusqu'aux chevilles, (...) Fatima à l'esprit rebelle". C'est elle en fait qui a "envoyé des nouvelles de la ville coupée du monde sous le pseudonyme de Fatittystar pendant l'occupation de la ville par les djihadistes entre 2012 et 2013", alors que, comme elle le raconte, "tous les journalistes avaient fui". Elle écrit à l'époque sur les femmes oppressées, dont les vêtements sont contrôlés ou les femmes interdites d'écouter de la musique.

Elle fuit Tombouctou ... Mais revient au combat 

Son blog sera nommé pour un prix. "Fatouma doit fuir sous les menaces", raconte la FAZ à ses lecteurs. Mais elle revient. "Depuis quelques années, elle forme des femmes à l'utilisation des technologies numériques et à leur utilisation à des fins politiques", poursuit la FAZ, admirative. Il y a peu, sous la pression de ses écrits, le gouvernement malien s'est engagé à remettre une piste en état et à rénover un hôpital.

Ça ne plaît pas à tout le monde. "Un député nous a traités de blogueurs toxicomanes", raconte Fatouma Harber à la FAZ. Et de conclure : "Il a peut-être raison, on est en état d'ébriété. Enivrés par la démocratie."

"Elle sauve un village des déchets toxiques"

Une autre femme saluée par la presse, et le Berliner Zeitung notamment : "Phyllis Omido, la Kenyane qui a sauvé un village entier des déchets toxiques d'une usine", raconte le quotidien de la capitale allemande. Ce village c'est Owino Uhuru, proche de Monbasa. C'est là qu'on recycle des batteries de voitures.

La Berliner Zeitung raconte le parcours de cette femme qui a subi et résisté aux pressions politico-financières, aux menaces violentes et même la maladie, pour qu'enfin les industries prennent leurs responsabilités et prennent en charge les dégâts sur l'environnement et surtout les corps de ses concitoyens, dont beaucoup sont malades. Lutte, changement de lois, lutte encore, procès ... Phyllis Omido ne lâche rien, raconte le journal. Son combat n'est pas fini et cette semaine elle était en Allemagne pour présenter un livre.

Villageois expulsés pour du café

Plantation de café en Ouganda (photo d'illustration)Image : ACPCU

La Neues Deutschland nous apprend aussi que "la procédure se poursuit dans le litige entre des villageois et l'entreprise allemande Neumann Gruppe" en Ouganda. "En août 2001, le gouvernement a fait expulser des centaines de familles de Mubende avec l'aide de l'armée afin de faire de la place pour la plantation de café", pour cette entreprise, raconte le journal.

Aujourd'hui, l'Etat propose de l'argent pour indemniser les habitants. "Ca représenterait 116 euros pour la destruction de l'ensemble de ses biens et 18 ans de souffrance", écrit la Neues Deutschland, en citant une ONG. Les avocats des personnes déplacées ont écrit pour se plaindre d'une indemnisation trop basse. "Le ministère public a maintenant demandé jusqu'au 19 novembre pour répondre par écrit".

Ebola : des raisons de croire à des lendemains meilleurs ?

Un enfant est vacciné contre Ebola le à BeniImage : picture-alliance/dpa/J. Delay

Et puis dans la presse encore, des nouvelles d'Ebola, dans la Neues Deutschland. Le quotidien pose un regard très sévère sur la situation là-bas. Le journaliste raconte "la précarité de la situation sécuritaire et les problèmes du système de santé". "Le défi médical est plus grand que pour beaucoup d'autres maladies, puisque 60 à 90 % des personnes infectées meurent", rappelle-t-il ensuite.

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"Il a fallu huit mois après l'élection du nouveau président Félix Tshisekedi pour qu'un nouveau gouvernement soit approuvé par le Parlement début septembre. Il n'y avait pas d'administration opérationnelle capable de coordonner les mesures", constate le quotidien. Qui se veut plus positif par la suite. "Les efforts inlassables des assistants ont porté leurs fruits. Au cours des quatre dernières semaines, 14 des 47 zones sanitaires touchées ont déclaré être exemptes d'Ebola".

Pas question pour autant de relâcher la pression. "Les personnes doivent être traitées pour les premiers symptômes, car c'est le seul moyen d'arrêter la propagation du virus", répète le quotidien qui conclut : "jusqu'à présent, cependant, seulement 30% des patients l'ont fait."

Hugo Flotat-Talon Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleHugo_FT_