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Des mercenaires de Libye et de Syrie dans le Haut-Karabakh

7 octobre 2020

Alors que le conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan s'enlise, la Turquie recrute des combattants pour soutenir Baku.

La Turquie soutient logistiquement l'armé de l'Azerbaïdjan
La Turquie soutient logistiquement l'armé de l'AzerbaïdjanImage : Reuters

Le conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan se poursuit dans le Haut-Karabakh. Cela fait bientôt deux semaines que des séparatistes soutenus par l’Arménie et l’armée d’Azerbaïdjan s'affrontent dans cette province azerbaïdjanaise peuplée à 99% d'Arméniens

A lire également : Haut Karabakh, quand un conflit ancien ressurgit

Le conflit a déjà fait au moins 288 morts, des militaires et des civils. Et il s’enlise avec une implication de plus en plus forte de la Turquie aux côtés de Baku.

Pour Stefan Meister, la fin du conflit semble encore loin. "La dynamique est devenue si dangereuse que cela ne va pas être facile pour des acteurs extérieurs d'éteindre ce conflit à court terme", affirme l'expert en politique étrangère qui dirige le bureau de la Fondation Heinrich Böll à Tbilissi.

La Géorgie, pays voisin des deux belligérants, a proposé son aide, mais son influence semble trop faible pour pouvoir jouer une médiation.

D'autant que le conflit va au-delà de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan.

Liens étroits entre Ankara et Baku

Baku peut compter sur le soutien de la Turquie. Il y a d'une part la proximité ethnique et culturelle de ces deux pays musulmans et turcophones. De plus, cela fait des années qu'Ankara tente de se défaire de sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie, et ce notamment grâce à des contrats d'approvisionnement en gaz signés avec l'Azerbaïdjan.

Des drones turcs appuient ainsi les attaques azerbaidjanaises et il semble de plus en plus incontestable qu'Ankara recrute des mercenaires pro-turcs présents en Libye et en Syrie pour les envoyer se battre dans le Caucase.

Si Baku et Ankara nient, de nombreux témoignages attestent cette présence. Ils seraient déjà plusieurs milliers de combattants syriens, mais aussi tunisiens et somaliens, à avoir été relocalisés par Ankara dans la région.

Moscou reste timidie

Du point de vue de l'autre acteur extérieur dans ce conflit, à savoir la Russie, l'équation est plus complexe.

Si Vladimir Poutine appelle aujourd'hui à cesser ce qu'il qualifie de tragédie" et si Moscou entretient des relations avec les deux pays de l'ancienne URSS, et vend des armes aux deux parties, la proximité avec l'Arménie est plus évidente. Erevan achète des armes russes à des prix avantageux et le pays abrite une base militaire russe.

Pour autant, la Russie semble encore timide, selon Stefan Meister :

"On a le sentiment que la Russie joue avec les deux acteurs pour garder son influence dans la région. Donc on voit une réaction plutôt faible du côté russe, alors que la Turquie soutient l'Azerbaïdjan non seulement par la rhétorique mais aussi massivement sur le plan militaire."

Alors qui pour stopper cette escalade ? Lors d'un autre conflit dans la région, en Géorgie en 2008, c'était la France qui s'était engagée, alors que Paris assumait la présidence tournante de l'Union européenne à cette époque.

Cette fois, c'est Berlin qui tient ce rôle. La chancelière Angela Merkel a déjà téléphoné avec les leaders à Baku et Erevan.

Mais selon Stefan Meister, l'Union européenne a déjà trop de dossiers brûlants sur la table, que ce soient la Biélorussie ou l'affaire Navalny. Dans ce contexte "le Caucase du sud semble loin des préoccupations de la plupart des Etats européens".

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