Des milliers de migrants tentent de gagner l'Europe
3 mars 2020Ils sont plus de 10.000 migrants qui tentent de franchir la frontière terrestre de la Grèce en traversant la rivière Evros. Les autorités grecques ont annoncé avoir empêché un millier de personnes de traverser de nuit cette zone située à l'extrémité sud de la frontière.
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Taïsir fait partie des réfugiés syriens et il affirme avoir été conduit à la frontière grecque par l’armée turque : "Des soldats turques nous ont emmenés d'Istanbul à la frontière. Ils ont pris notre argent, nos téléphones et nous ont laissés ici. Où allons-nous aller ? On ne sait pas. Où sommes-nous ?"
Athènes accuse le gouvernement turque de mettre en danger la sécurité nationale alors qu’Ankara continue de justifier l'ouverture des frontières par son incapacité à faire face à une nouvelle vague migratoire avec près d'un million de syriens déplacés massés à la frontière turque.
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En première ligne avec la Bulgarie, la Grèce a procédé à des expulsions et refusé aux migrants le droit de demander une protection internationale pendant un mois. Ce qui est contraire au droit international.
Des mesures qui ne semblent pourtant pas décourager les migrants comme Ahmed, 18 ans, originaire d'Afghanistan qui souhaite traverser la frontière pour gagner l'Europe : "Nous ne pensons pas à retourner en Turquie. Nous allons traverser la rivière pour la Grèce."
Selon les autorités grecques, 1.300 demandeurs d'asile ont réussi à gagner l’ile de Lesbos entre dimanche matin et lundi matin, alors même que plus de 19.000 migrants y vivent déjà dans des conditions misérables.
En visite en Grèce ce mardi (03.03.20), la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a promis à Athènes "toute l'aide nécessaire" pour faire face à l'afflux de milliers de migrants venant de la Turquie.
Frontex en alerte
Bruxelles indique que l'Agence européenne de surveillance des frontières, Frontex, est "prête à déployer une force rapide" à la frontière. Une opération comprenant notamment un navire, deux patrouilleurs, deux hélicoptères et un avion.
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Le Haut-commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, estime pour sa part qu'il va falloir revoir le programme de relocalisation des réfugiés, au moins pour les personnes vulnérables :
"Dire simplement "c'est la faute de l'autre, c'est la faute de l'autre" et repousser la responsabilité, ne résoudra pas le problème. Le problème doit être résolu avec calme, avec les systèmes qui existent, en les renforçant avec des ressources et en les partageant".
L'ouverture de la frontière turque, vendredi, a remis en cause la politique de confinement des réfugiés dans le cadre d'un accord signé avec l'Union européenne.
Accord entre Ankara et Bruxelles
En 2016, Ankara et Bruxelles s'étaient engagé mutuellement à lutter contre le passage de migrants vers l'Europe, en échange notamment d'une aide de six milliards d'euros accordée à la Turquie. Mais les autorités turques accusent l'Union européenne de ne pas honorer ses engagements financiers.