Des projets sociaux pour lutter contre le terrorisme
16 juillet 2025
Le Togo a lancé, en 2022, le Programme d'urgence pour la région des savanes, durement touchée par les répercussions de la crise sécuritaire.
Il s’agissait de l'électrification rurale de 18 localités de la région, pour favoriser le développement économique et le confort des habitants. Il y a également eu la construction de forages pour améliorer l'accès à l'eau potable dans les zones rurales. Et surtout, la distribution de matériel agricole à 384 jeunes considérés comme vulnérables. Ceci afin de leur permettre de développer une activité rentable.
Toujours dans le secteur agricole, 1.000 hectares ont été aménagés et la distribution de 21.000 tonnes d'engrais vivriers ont contribué à améliorer la productivité des producteurs locaux.
Même si ce programme aide à l'amélioration des conditions de vie des populations vulnérables du nord du Togo, l’essayiste togolais Mohamed Madji Diabakaté critique toutefois la manière dont les jeunes bénéficiaires sont sélectionnés, ce qui provoque, selon lui, des frustrations.
"Parfois, c’est sur des critères liés à des appartenances politiques plus qu’à une question d’intérêt pour la jeunesse elle-même. Il y a cet aspect discriminatoire qui est rappelé par les jeunes. Donc, c’est comme si vous traitez un problème, tout en contribuant à entretenir des aspects qui ne font qu’aggraver la situation."
Le Bénin tente aussi les projets sociaux
Dans sa partie nord, qui subit des attaques meurtrières de djihadistes, affiliés notamment à Al-Qaïda et venant du Burkina Faso et du Niger voisins, le Bénin a lancé l'opération Mirador, en 2022.
Cette opération, principalement défensive, intègre également un volet social à travers une cellule qui soutient des projets de développement. Cette cellule a par exemple soigné gratuitement plus de 4.000 têtes de bétail appartenant à des éleveurs. Elle a aussi prodigué des soins médicaux à plus de 1.000 patients. Des écoles ont été rénovées et des forages d’eau ont été construits.
La Côte d'Ivoire, également, a mis en œuvre plusieurs initiatives pour prévenir l'enrôlement de jeunes par des groupes terroristes.
Elle a lancé des programmes de formation et d'autonomisation pour les jeunes, notamment dans les zones frontalières du Nord. Des fonds spéciaux sont alloués pour financer des projets portés par les jeunes et des programmes d'insertion sont mis en place, pour améliorer leur accès à l'emploi et aux services de base.
Mais pour l'essayiste nigérien Seidik Abba, "l’erreur serait simplement de considérer que si ces pays règlent la question terroriste, elle va être réglée dans la sous-région. Je ne vois pas comment le Togo peut régler la question du terrorisme sans parler avec le Burkina, je ne vois pas comment le Bénin peut régler la question du terrorisme sans parler avec le Niger, ni comment la Côte d’Ivoire peut régler le problème avec le Mali."
"Nous sommes déjà dans un changement de paradigme avec la prise en compte des éléments du développement, mais il faut aller de l’avant, pour trouver une solution transnationale et régionale", insiste Seidik Abba.
Pour une lutte efficace contre l’expansion du terrorisme dans le golfe de Guinée, il faut, selon lui, mettre fin à l’injustice et favoriser la cohésion sociale.