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Manifestation et grève du secteur privé au Tchad

Blaise Dariustone
6 février 2018

La tension sociale s'accentue de jour en jour dans le pays. Lundi, l'appel à la grève du secteur privé a notamment été très suivi dans les banques.

Tschad Alltag Straßenszene Moschee
Image : Getty Images/AFP/P.Desmazes

Deuxième jour de la grève sèche des travailleurs du secteur privé ce mardi (6 février) au Tchad. Elle fait suite à un appel lancé par les centrales syndicales, demandant aux travailleurs du secteur privé d'exprimer ainsi leur solidarité avec les agents de l'Etat qui observent depuis une semaine une grève générale illimitée pour protester contre la coupe des salaires, l'augmentation des prix de carburant mais aussi des taux d'impôts. 

Une manifestation est aussi prévue ce mardi à N'Djamena. Ce  matin le porte-parole de la coalition des quatre regroupements des partis politiques de l'opposition initiateurs de la marche Djimet Clément Bagaou aurait échappé de peu à une arrestation. 

Les banques à l'arrêt

Lundi, l'appel à la grève a été scrupuleusement suivi dans toutes les banques. Non seulement elles étaient fermées, mais il n'y avait quasiment pas de clients. Seuls les guichets automatiques de certaines banques étaient opérationnels mais la plupart n'avaient pas d'argent liquide. Les clients ne pouvaient faire de retraits, ni de transferts. "Je suis venu juste pour prendre quelque chose au niveau de la banque, mais à ma grande surprise, toutes les portes sont hermétiquement fermées", réagit un usager lundi devant une enseigne UBA. "Maintenant je repars à la maison comme ça, bredouille. C'est une situation très alarmante et il faudrait effectivement que le gouvernement comprenne que le peuple est en train de souffrir."

Image : Getty Images/AFP/I. Sanogo

À travers cette grève, le secteur privé proteste également contre l'augmentation des taux d'imposition sur les revenus des personnes physiques (IRPP) allant de 10 à 30 % qui frappent à la fois les travailleurs du secteur privé et du public.

"Le droit de grève étant reconnu à ceux-ci, nous, en tant qu'employeurs, on ne peut que prendre acte de cet état d'âme de nos employés", réagit le responsable de la communication du patronat tchadien, Mahamat Tahir Kerallah. "Nous essayerons avec eux de voir comment ils doivent rentrer dans leurs droits. La position du patronnat est claire. Nous sommes pour le dialogue. Pourquoi le gouvernement qui a ses partenaires  qui l'accompagnent tout le temps, ne demande pas leur avis aussi avant de décider. Ça aurait peut-être permis à l'Etat de voir les choses d'une autre manière».

Le gouvernement sous pression

Image : Getty Images/AFP/A. Jocard

Pour Brahim Ben Seid, secrétaire général de la Confédération Libre des Travailleurs du Tchad, le gouvernement tchadien a intérêt de revoir ses décisions qu'il a imposées. "La grève est bien suivie à N'Djamena. En province, nous avons reçu des appels de Moundou, de Sahr, de Doba, d'Abéché et de Faya-Largeau", explique-t-il. Selon lui, cela démontre la cohésion du mouvement des travailleurs tchadiens. "Le budget de l'année 2018 est un budget antisocial. Le gouvernement tchadien a intérêt à revoir ce qui se passe, le coût de la vie est trop cher", insiste-t-il

Aujourd'hui (mardi), quatre regroupements de partis politiques de l'opposition appellent leurs militants à une marche pacifique sur l'ensemble du territoire national pour exiger l'annulation de ces mesures d'austérité. La marche a d'ores et déjà été interdite par le ministre en charge de la sécurité publique.