Diplômes à vendre
20 août 2008Un procès exemplaire vient de mettre en lumière ce marché très lucratif des «faiseurs de docteur».
Trois ans et demi de prison ferme et 75 000 euros d'amende : c'est le verdict infligé par le tribunal de Hildesheim, près de Hanovre, au directeur d'un institut spécialisé dans le soutien aux étudiants préparant une thèse de doctorat. Les faits sont accablants : ce «faiseur de docteur», comme on l'a surnommé, est accusé d'avoir corrompu pendant des années un professeur de droit criblé de dettes en lui versant 4000 euros par étudiant réussissant son doctorat.
Chaque année, 60 000 étudiants préparent un doctorat. L'usage et la politesse exigent que l'on donne du « Herr Dokor» à celui qui a obtenu cette distinction inscrite, d'ailleurs, dans l'état civil, et que l'on retrouve sur les cartes de visite et les sonnettes.
L'importance du titre de docteur en Allemagne s'explique par des causes historiques et culturelles. Il n'y a pas eu de révolution comme en France : la première république n'a été proclamée qu'en 1918. Après l'Etat prussien marqué par l'empreinte des militaires et des fonctionnaires, on a remplacé les titres de noblesse par des titres de docteur. Et comme les études sont longues et coûteuses pour préparer un doctorat, certains étudiants sont tentés de s'adresser à des agences qui les aident dans leur travail de recherche.
Devant la multiplication des fraudes autour des titres universitaires, la conférence des recteurs allemands a appelé les universités à faire preuve de vigilance. Ceux qui passent un doctorat doivent certifier qu'ils n'ont pas eu recours à une aide rétribuée.
Un reportage de Patrice Cuvier
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