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Au Tchad, des décès et des disparitions inexpliquées

Blaise Dariustone
25 novembre 2022

Au Tchad, depuis la répression du 20 octobre, les nombreuses disparitions inexpliquées et les découvertes de cadavres sèment la peur à travers le pays.

Une scène de rue à N'Djamena
Les circonstances de nombreux décès restent inexpliquées Image : Issouf Sanogo/AFP/Getty Images

Au Tchad, depuis les événements tragiques du 20 octobre dernier, les découvertes de corps sans vie se multiplient en brousse, à N’Djamena et dans certaines villes des provinces du Sud.

Les organisations de défense des droits humains exigent que la vérité soit faite sur ces meurtres et disparitions.   

Le cas le plus récent est celui du jeune Dionio Déoupal, arrêté le 21 octobre par les forces de l’ordre avant que ses parents ne découvrent son corps en pleine brousse à Moundou, dans le sud du Tchad.

Selon son frère cadet, Mogombaye, "le véhicule est venu avec six personnes enturbannées à bord. Elles ont tiré sur lui et cassé ses jambes avant de l'embarquer. Nous sommes allés voir les autorités qui nous ont dit qu'il est dans les locaux de l'agence nationale de sécurité. Ils nous ont dit qu’il serait en train d'être soigné."

Ecoutez le reportage de notre correspondant au Tchad

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"Exécutions extrajudiciaires"

Mogombaye Déoupal explique que le corps de son frère a finalement été retrouvé le 16 novembre. "On a seulement pu mettre ses os dans le cercueil pour l’enterrer", se souvient-il. 

La semaine dernière, quatre corps sans vie ont été ont été découverts dans des circonstances similaires, dont deux à Moundou et à N’Djamena.

Pour l’avocat Salomon Nodjitoloum, le président de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture au Tchad, la situation est très grave.  

Pour lui, "ce sont des exécutions extrajudiciaires et cela doit interpeller l'opinion nationale et internationale. Le Tchad fait partie des Etats de droit. Si une personne a commis une faute en manifestant pacifiquement, il s'agit de le traduire devant les juridictions et de le condamner conformément à la loi. Mais arrêter les jeunes et les exécuter, c'est une violation des droits de l’homme très grave."

La répression des manifestations le 20 octobre dernier auraient fait au moins 50 morts Image : Hyacinthe Ndolenodji/REUTERS

Le gouvernement veut des preuves

Face à ces accusations, considérées comme "très graves" par le gouvernement, le ministre de la Justice demande d’apporter les preuves de ces crimes.

"Si quelqu'un a une liste nominative avec des identités précises et l'endroit où il a été de manière extrajudiciaire, mais qu'il dépose plainte. Qu'il apporte la preuve, la justice travaille avec les preuves donc s’il y a des preuves nous sommes preneurs", assure le ministre tchadien de la Justice, Mahamat Ahmat Alhabo. 

Jusqu’à ce jour, une centaine de familles sont sans nouvelles de leurs enfants ou de leurs parents arrêtés ou enlevés à leur domicile à la suite des manifestations du 20 octobre dernier.  

Blaise Dariustone Correspondant au Tchad pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais
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