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Sénégal : que signifie la dissolution du Pastef ?

Christine Mhundwa
1 août 2023

Le parti d'Ousmane Sonko a été dissous suite à l'arrestation de la figure de l'opposition. Une dissolution qui pourrait avoir des conséquences extrêmes.

Les forces de l'ordre à Dakar
A Dakar, les forces de l'ordre ont trouvé sur leur chemin des sympathisants d'Ousmane SonkoImage : NGOUDA DIONE/REUTERS

Deux personnes ont été tuées ce lundi (31.07.23) à Ziguinchor dans le sud du pays lors de manifestations qui ont suivi l'inculpation et le placement en détention de l'opposant Ousmane Sonko. Des manifestations ont également eu lieu dans la capitale Dakar. 

Ousmane Sonko en prison et son parti dissous, il s'agit là d'un tournant vers la dictature et la tyrannie selon Mohamed Ayib Salif Daffé, secrétaire général du parti des Patriotes du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité, le Pastef : 

"C’est le virage autoritaire et tyrannique du Sénégal sous le régime de Macky Sall, qui veut résoudre ses contradictions politiques par l'instrumentalisation de la justice et du droit. Je pense qu’il y a un sérieux problème de démocratie à ce niveau-là. Et Tout ce que nous dénonçons il y a quelques années", rappelle Mohamed Ayib Salif Daffé. 

"Le virage autoritaire, la tyrannie, la dictature, la corruption. Tout cela se manifeste aujourd'hui de manière évidente, avec cette mesure. Qui vise à écarter le principal favori de l'élection présidentielle de février 2024. Et de dissoudre la principale formation politique de l'opposition".

Le doute plane sur la candidature d'Ousmane Sonko à la prochaine élection présidentielleImage : Seyllou/AFP

Des conséquences extrêmes ?

Dans un communiqué, le Pastef affirme que La "stabilité du Sénégal est désormais compromise, car le peuple n'acceptera jamais cette ultime forfaiture" du pouvoir contre le "favori" de la présidentielle.

Pour Mohamadou Seck, la dissolution du parti Pastef est un revers pour la démocratie sénégalaise.

Des heurts avaient déjà eu lieu en juin dernier après le jugement d'Ousmane SonkoImage : Leo Correa/AP/picture alliance

"Dissoudre un parti, c'est dire que ça nous ramène à des années en arrière par rapport à ce qu'on a vécu en termes d'acquis démocratiques et de progrès", estime le politologue, qui lance un avertissement : la dissolution du Pastef pourrait conduire à des conséquences extrêmes :

"Si on n’y prend garde, on risque de basculer dans une situation de crise profonde parce que, il ne faut pas croire que parce qu'on a dissous un parti, parce qu'on a envoyé un leader en prison que les antagonismes vont cesser. Je ne le pense pas. Au-delà de l'aspect symbolique, cela peut pousser à des positions extrémistes, parce que dissoudre un parti ne veut pas dire que l'esprit du parti, l'idéologie, la population, les postures, et même les militants tout ça va s'estomper", estime Mohamadou Seck.

Les accès aux trois principaux bureaux du Pastef ont été bloqués par les forces de l’ordre. La tension reste palpable à Dakar mais aussi à Ziguinchor, la commune dont Ousmane Sonko est le maire.