1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Doit-on redouter le scenario afghan au Sahel ?

3 septembre 2021

Après la prise de pouvoir des talibans, plusieurs acteurs politiques allemands craignent que le scénario afghan ne se reproduise au Sahel.

Image : Michel Cattani/AFP

L’arrivée au pouvoir des talibans en Afghanistan et le départ des forces américaines fait redouter une détérioration rapide de la situation au Sahel au profit des groupes armés et terroristes.
"L’issue de la guerre d’Afghanistan devrait faire réfléchir au Mali et au Sahel", a par exemple récemment tweeté Tiébilé Dramé, l’ancien ministre malien des Affaires étrangères. 

Eviter un amalgame

Des inquiétudes que relativise toutefois Thomas Schiller, responsable Sahel pour la fondation allemande Konrad Adenauer.

"Les groupes djihadistes sont une menace au Mali" (Thomas Schiller)

This browser does not support the audio element.

"Les groupes djihadistes sont une menace ici au Mali. L'Etat Malien est toujours très faible. Il y a des similitudes. Mais, il faut faire très attention à ne pas faire un amalgame complet et dire voilà, ici au Mali, ça va se passer exactement comme en Afghanistan", explique-t-il. "Tout le monde sait que le groupe dirigé par Iyad Ag Ghali (le patron du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans) est très hétérogène et n'a pas la même structure que les talibans, ni la même force non plus. Les talibans disposent de plusieurs dizaines de milliers de combattants. Ce n'est pas le cas pour quelqu’un comme Iyad Ag Ghali."

Des membres de groupes armés dans le nord du Mali.Image : Getty Images/AFP/R. Hien

Lire aussi : Les attaques djihadistes se multiplient dans le Sahel 

Autre source d’inquiétude :le dialogue avec les responsables des groupes djihadistes, dont Iyag Aghali. Un dialogue qui, s’il aboutissait, pourrait leur permettre de gagner du terrain, d’où l’embarras de Christian Klatt, représentant-résident de la fondation Friedrich Ebert au Mali. 

Selon lui, "il y a eu un dialogue entre le dernier gouvernement sous le président Ibrahim Boubacar Keïta et les djihadistes. Les populations ont exprimé cette idée de parler avec les djihadistes parce que c'est une réalité déjà dans beaucoup de régions et aussi, on n’a pas d'autres options. Ça va être dangereux mais, s'il n'y a pas de dialogue, je pense que ça va être aussi une autre situation très dangereuse".

Améliorer la coopération 

Thomas Schiller de la fondation Konrad Adenauer souligne aussi le manque d’efficacité de l’engagement militaire international au Mali.

Lire aussi : L'Allemagne discute de son engagement au Mali

L’interview de Mouhamadou Lamine Bara Lo

This browser does not support the audio element.

"Au Mali, malgré plusieurs années d’action internationale, de formation des forces armées maliennes, l'Etat Malien reste très faible et les troupes maliennes restent inefficace en grande partie", dit-il. "Pour ne pas avoir un échec comme on l'a eu en Afghanistan, il faut améliorer la coopération avec le Mali. Ça n'a pas marché en Afghanistan et ça ne marche pas non plus très bien ici au Mali. On ne peut pas éternellement continuer ici avec un engagement qui ne produit pas de résultats."

Un manque de résultats qui est à l’origine de la colère d’une majorité de Maliens qui exigent le départ de leur pays de toutes les forces étrangères, selon Mouhamadou Lamine Bara Lo, expert des questions de défense et de sécurité au Mali et au Sénégal. Il estime toutefois que les pays sahéliens doivent devenir autonomes dans la lutte contre le djihadisme, en cas de retrait des forces internationales.

Passer la section A la une

A la une

Passer la section Plus d'article de DW