Don de sang pour les victimes des attaques au Burkina
Rémy Mallet | Avec agences
9 juin 2021
Après l’attaque le week-end dernier à Solhan (nord-est) des gestes de solidarité se multiplient. A Ouagadougou, une organisation d'étudiants a organisé une collecte de sang.
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Au moins 120 étudiants se sont présentés au Centre national de transfusion sanguine de Ouagadougou. Il s’agit pour eux de donner leur sang en signe de solidarité avec les victimes de l’attaque par des présumés djihadistes du village de Sohlan.
Amadou Dicko est le président de l'Association des élèves et étudiants pour le développement de Yagha, la province dans laquelle s’est produite le drame. Face à cette situation, il n’avait pas d’autre choix que d’agir. "C’est de là d’où nous venons. Et un drame de ce genre ne peut pas s’y produire sans que nous agissions", affirme-t-il.
Comme Amadou, Ouamarou Bokoum, lui aussi étudiant, n’a pas pu s’empêcher de venir en aide aux victimes. Il voulait à tout prix faire quelque chose. "J'ai demandé à mon père comment je pouvais aider. Il m'a dit de jeûner car je suis musulman. J'ai jeûné hier et je suis venu donner mon sang aujourd'hui", confie-t-il.
La mobilisation de ces jeunes étudiants est saluée par l’infirmière du Centre, Félicienne Ouédraogo. "Ils sont venus en grand nombre. Ils se sont vraiment mobilisés. Nous les félicitons beaucoup car grâce à eux, nous avons obtenu plus de 85 poches de sang jusqu'à présent."
Au moins 160 personnes sont mortes et de nombreuses autres ont été blessées après que des hommes armés ont abattu des civils, brûlé des maisons et le marché de Solhan.
Inquiétude chez les humanitaires
Une violence qui inquiète le Comité international de la Croix-Rouge. Laurent Sagy est le responsable du CICR dans le pays.
"Le sentiment du CICR, c’est une extrême préoccupation quant à une certaine spirale de la violence avec les populations civiles qui sont prises entre le marteau et l’enclume."
Selon lui, certaines personnes blessées par armes à feu ont des fractures ouvertes. Des médicaments contre la douleur sont nécessaires mais il en faut plus.
Depuis cinq ans, l'armée burkinabè, mal équipée et sous-entraînée, s'efforce d'endiguer une insurrection djihadiste liée à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique.
L'attaque de Sohlan est la plus meurtrière depuis 2015. En raison de cette violence, le pays compte plus de 1,2 million de déplacées internes.
Burkina Faso: les principales attaques jihadistes depuis 2015
Burkina Faso: les principales attaques jihadistes depuis 2015
Image : Str/AFP
Janvier 2016 : des Occidentaux visés dans l'attaque de l'hôtel Splendid
Le 15 janvier 2016, 30 personnes, majoritairement des Occidentaux, sont tuées et 71 blessées lors d'un raid jihadiste contre l'hôtel Splendid et le restaurant Cappuccino à Ouagadougou. L'attentat, premier de ce type dans le pays, est revendiqué par le groupe jihadiste Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui l'attribue au groupe Al-Mourabitoune de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar.
Image : Getty Images/AFP/I. Sanogo
Mars 2018 : l'ambassade de France et l'état-major burkinabé pris pour cibles
Le 2 mars 2018, des attaques simultanées visent l'état-major des armées burkinabè, en plein centre-ville, et l'ambassade de France. Huit militaires sont tués et 85 personnes blessées. L'attentat est revendiqué par le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), lié à Al-Qaïda. Pour la première fois, les assaillants ont utilisé une voiture piégée.
Image : Getty Images/AFP/A. Ouoba
Novembre 2019 : des employés d'une mine d'or attaqués
Le 6 novembre 2019, au moins 38 personnes sont tuées et 63 blessées dans l'attaque d'un convoi transportant des employés de la mine d'or de Boungo, exploitée par une société canadienne dans l'est du Burkina Faso. Photo d'illustration
Image : Getty Images/AFP/I. Sanogo
Décembre 2019 : la base d'Arbinda attaquée
Le 24 décembre 2019, 200 individus lourdement armés attaquent la base militaire et la ville d'Arbinda, près de la frontière malienne. L'attaque jihadiste fait 42 morts, 35 civils et sept militaires.
Photo d'illustration
Image : Issouf Sanogo/AFP
Janvier 2020 : un marché attaqué par des hommes armés
Le 25 janvier 2020, un massacre fait 39 morts sur un marché du village de Silgadji (Nord), où des hommes sont exécutés après avoir été séparés des femmes. Ce massacre est intervenu moins d'une semaine après l'attaque des villages de Nagraogo et Alamou (province de Sanmatenga), où les assaillants ont tué 36 civils.
Avril 2021 : exécution de deux journalistes
Le 26 avril 2021, deux journalistes espagnols et le patron irlandais d'une ONG sont exécutés alors qu'ils se trouvaient avec des militaires et des gardes forestiers burkinabés lors d'une patrouille antibraconnage attaquée dans l'Est. Le 3 mai, au moins 25 civils sont tués dans l'attaque du village de Kodyel, dans la commune de Foutouri (Est). Photo d'illustration.