Drame à Minova : une mère de famille fauchée par une bombe
13 mai 2024En République démocratique du Congo, la cité portuaire de Minova, porte d'entrée vers la province du Sud-Kivu, dans l'est du pays, vit au rythme des échanges de tirs d'artillerie entre l'armée congolaise et les rebelles du M23. Des obus tirés depuis les collines aux alentours de la ville n'épargnent pas les civils.
Une insécurité perpétuelle
"C'est ici que la bombe est tombée", indique Olivier Kiriba que l'équipe de la Deutsche Welle a rencontré dans le quartier de Rutshunda, à quelques centaines de mètres du centre-ville de Minova. Il a fui l'arrivée des rebelles du Mouvement du 23-Mars, le M23 et cohabite avec 31 autres personnes.
Le 20 mars dernier, une explosion retentit tout proche de lui. Un obus venait d'être tiré par le M23.
"Un jour, nous étions ici à la maison, les déplacés provenant de Kabase. Lorsque la bombe est tombée, la maman et l'enfant étaient là. La maman a alors été frappée et est morte sur le coup. L'enfant, lui, a été hospitalisé car elle était légèrement blessée. Les autres présents ont été sauvés grâce à Dieu", témoigne Olivier Kiriba.
La femme décédée laisse derrière elle un nourrisson.
Ce drame n'est pas un cas isolé
L'incident n'est pas isolé. Le 1er mai, une autre bombe a percé le toit d'une maison du centre-ville, bien heureusement inhabitée. Une semaine plus tard, encore une autre bombe a été tirée vers le territoire de Minova, tuant sept personnes. Les obus se perdant dans le golfe du lac Kivu, sur lequel Minova est niché, sont également nombreux. Les bateaux ne s'y risquent quasiment plus.
A Mutshibwe, site de déplacéssur la presqu'île du lac Kivu, un obus s'est enfoui dans la terre sans exploser. "L'obus est tombé à quelques mètres de chez moi", raconte Yvonne, une déplacée encore plongée dans l'effroi. "C'est pourquoi j'ai fui et je me suis installée ailleurs. Jusqu'à aujourd'hui, je suis terrorisée", poursuit-elle.
La bombe est toujours là, à quelques mètres sous les plants de maïs entre lesquels les déplacés de Mutshibwe se faufilent pour atteindre les bords du lac. Mère de six enfants, Yvonne a donc dû donner des consignes particulières.
"J'ai demandé à mes enfants de ne pas se déplacer vers la zone où se trouve l'obus, ou encore de ne pas aller au champ, chercher de l'eau ou du bois de chauffe. Mais ils ont conscience qu'il ne faut pas y aller", assure Yvonne.
Mais les combats et tirs d'artillerie sont quotidiens autour de Minova et les positions militaires autour de la ville font craindre à certains habitants qu'un accident se reproduise encore.