Du sang et des larmes...
22 juin 2009Les marches pacifiques de la semaine dernière se sont transformées en affrontements sanglants avec des opposants au pouvoir radicalisés, explique la Süddeutsche Zeitung. Pour eux, il ne s'agit désormais plus de contester les chiffres, mais bien d'affronter directement les ayatollahs au pouvoir. Même Mir Hussein Moussaoui, le rival malheureux d'Ahmadinejad, est passé de la critique du scrutin à celle du système.
Face à cette crise, la réaction de Barack Obama est parfaite, relève die Welt. Il offre aux manifestants iraniens rien moins que le témoignage du monde civilisé. De fait, c'est la seule promesse que le président américain puisse faire et surtout tenir. Si le maître de la Maison-Blanche parle maintenant de répression « brutale et injuste », il se garde bien pourtant de diaboliser Téhéran. Il évite le piège des ayatollahs qui voudraient faire croire que la protestation est orchestrée par le « Grand Satan » d'Amérique. Notons que l'opposant Hussein Moussaoui ne critique pas la non-ingérence démonstrativement manifestée par Obama.
La dernière révolution iranienne n'est pas si lointaine, rappelle la Frankfurter Allgemeine Zeitung. A peine trente ans, une génération en somme. Et nombre de ceux qui descendent dans la rue, s'y trouvaient déjà à l'époque. Ce sont pourtant leurs enfants qui sont les plus nombreux dans les rangs des manifestants. Jusqu'à présent, ils n'exigent pas encore le changement de régime, ni le départ de Khamenei. Celui-ci a pourtant remis lui-même en question son propre système dans son discours de vendredi. Désormais, il n'est plus possible de revenir vers cet état de semi-démocratie qu'était l'Iran jusqu'ici. Le pays devra choisir entre la franche dictature ou les réformes de fond. Le quotidien de Francfort revient aussi sur l'accouchement non sans douleur, ce week-end, du programme électoral du parti « Die Linke ».
Ce qui fait dire à la Frankfurter Rundschau qu'un tel programme n'est pas aussi irréaliste que cela. Et si le SPD et les Verts se concentraient plus sur les contenus que sur les personnes qui les présentent, pas mal de choses seraient alors, théoriquement, possibles. Mais le parti ne ressort pas soudé de ce congrès. Les problèmes ont été reportés à plus tard. Les électeurs pourtant ont droit de savoir à quoi ressemble le projet de société d'une gauche ouverte vers l'avenir. C'est pour cela que le débat doit avoir lieu avant l'élaboration du programme et pas après.