Du sang sur les mains
23 janvier 2014La mort de manifestants rend le dialogue encore plus difficile qu'avant en Ukraine, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung. L'opposition accuse désormais le président d'avoir du sang sur les mains. À juste titre, estime le quotidien, qui juge Viktor Ianoukovitch responsable de l'escalade des derniers jours. Pour autant, sa destitution ne règlerait pas le conflit ukrainien car Viktor Ianoukovitch bénéficie encore d'un fort soutien d'une grande partie de la population, surtout dans l'est.
Pour Die Welt, l'Ukraine se dirige à toute vitesse vers un État policier. Et c'est moins la marionnette Ianoukovitch qui est derrière ce retour à un système autocratique que le nouveau tsar de Russie, Vladimir Poutine. Celui-ci veut rétablir son emprise sur les anciennes républiques soviétiques. Toutes les occasions sont bonnes pour montrer l'impuissance de la démocratie. Les mouvements démocratiques sont écrasés dans une violence massive. L'occident, consterné, regarde ce qui se passe, déplore le journal.
On pourrait pourtant attendre des responsables européens qu'ils contribuent à atténuer le conflit ukrainien, estime die tageszeitung. Car c'est aussi l'attitude sans concession de Bruxelles, lors du sommet de Vilnius en novembre, qui a envenimé les choses. Le président Ianoukovitch était sommé de signer l'accord d'association, au risque d'aggraver encore plus la crise financière et économique en Ukraine. Au lieu d'améliorer son offre, l'Union européenne a tenté d'acculer le président ukrainien dans un coin et a omis de soutenir les forces modérées pro-européennes. Les mises en garde de radicalisation ont été ignorées. Pas étonnant, selon la taz, que l'Europe se dise aujourd'hui "choquée" par la tournure des événements.
Désormais, il ne peut plus y avoir de gagnant excepté la raison, affirme la Süddeutsche Zeitung. Du côté du pouvoir, Viktor Ianoukovitch doit se rendre compte que l'opposition ne se laissera pas intimider par des bâtons, des fusils ou des lois restrictives. Le nombre de contestataires est trop grand et c'est ce qui fait sa force. De l'autre côté, l'opposition doit éviter d'être discréditée par des manifestants radicaux qui s'expriment à coup de cocktails Molotov. Le temps joue en faveur de l'opposition. L'an prochain, il y a des élections. Si l'opposition réussit à renforcer sa présence dans l'est et le sud du pays et s'unit autour de Vitali Klitschko, il est peu probable que Viktor Ianoukovitch soit réélu.