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L’Eglise cristallise les tensions politiques en Ethiopie

Marco Wolter | Avec agences
17 février 2023

Les trois archevêques qui avaient tenté une scission au sein de l’église Tewahedo ont fini par présenter des excuses, mettant fin à une importante crise interne.

 Des chrétiens orthodoxes vêtus de noir devant une église
Vétus de noir, des chrétiens orthodoxes manifestent leur soutien à l'unité de l'église.Image : Seyoum Getu/DW

Près de 40% des 115 millions d’Ethiopiens adhèrent à l’Eglise orthodoxe Tewahedo, l’une des plus anciennes églises chrétiennes du monde. Pourtant, dans la région d’Oromia, la plus grande et la plus peuplée du pays, une partie des fidèles se sent discriminée, l’enseignement religieux n’étant pas assuré dans leur langue maternelle. 

C’est ce sentiment qui aurait poussé les trois archevêques à tenter de créer leur propre synode. Une crise religieuse qui comporte également un volet politique. 

Le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, est lui-même issu de la communauté Oromo. Il s’est ainsi vu accusé de soutenir les archevêques dissidents. 

Le Premier ministre Abyi Ahmed a participé aux pourparlers dans le conflit interreligieuxImage : Michael Tewelde/XinHua/dpa/picture alliance

"Brebis égarées"

"Cette Eglise est forte et nous avons décidé de ramener les brebis égarées", a toutefois annoncé Abiy Ahmed après une réunion avec les leaders religieux des deux parties. 

Des pourparlers qui ont donc abouti à des excuses. En contrepartie, il a été convenu d'aider les centres de formation théologique et les universités en Ethiopie à enseigner davantage en langue oromo. 

La fin officielle de cette crise interne, alors que la religion joue un rôle central dans la société éthiopienne, revêt une grande importance dans un pays divisé et régulièrement en proie aux violences. 

En janvier, les archevêques dissidents avaient nommé unilatéralement de nouveaux évêques. Ces derniers vont désormais devoir quitter leur poste. Image : Seyoum Getu/DW

Abandon par le pouvoir d'Addis Adeba

Ces dernières semaines, le conflit qui dure depuis des années a connu une nouvelle escalade sanglante. Dans la province d'Oromia, plusieurs personnes ont été tuées, par balles ou battues à mort, selon la Commission éthiopienne des droits de l'homme.

Dans d'autres régions des personnes ont également été blessées, harcelées et priées de quitter des offices religieux après la scission.  

Au-delà du sentiment de discrimination par la religion, la région de l’Oromia est également traversée par un sentiment de marginalisation politique et d’abandon par le pouvoir central. 

Un groupe rebelle, l'Armée de libération Oromo, a même pris les armes. Le pouvoir central l'accuse de violences contre les Amharas, l'autre grande ethnie en Ethiopie.