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Elections en RDC

2 décembre 2011

Dans l'attente des résultats des élections du 28 novembre en République démocratique du Congo, les journaux reviennent sur le déroulement du scrutin.

Le jour du scrutinImage : picture-alliance/dpa

La presse publie quelques reportages - tous réalisés à Kinshasa - sur ces élections dans lesquelles, écrit die tageszeitung, tout était gigantesque: les bulletins de vote, les urnes, la méfiance, les problèmes, le pays. Le journal se fait l'écho des pannes logistiques observées le jour du vote, de la colère de certains électeurs qui n'ont pu voter, des violences aussi qui ont émaillé le scrutin. Mais il a quand même rencontré dans la deuxième circonscription de Kinshasa un électeur heureux. Quel que soit le vainqueur, dit-il, je suis heureux d'avoir pu voter. Le Tagesspiegel de Berlin note que si le Congo a le choix, avec ces élections, il a peu d'espoir. Peu de pays, écrit-il, n'ont autant dilapidé leur potentiel économique que le Congo. Bien que son sol recèle d'immenses quantités de cuivre, de cobalt, d'or et de diamants, des dizaines de milliers de Congolais meurent chaque année de maladies évitables, de misère ou de violences politiques. On cherche en vain des structures étatiques au Congo, souligne le journal. Il n'y a quasiment pas d'institutions démocratiques ni d'infrastructures. 3% seulement de la surface du pays sont exploités à des fins agricoles. Mais personne n'attend des progrès de Joseph Kabila, le président sortant. L'armée reste difficilement contrôlable. A la différence du Mozambique, les soldats n'ont pas été intégrés dans la vie civile une fois la paix signée avec la rébellion. La réélection attendue de Kabila ne devrait être saluée par la communauté internationale que dans la mesure où elle garantira un minimum de stabilité.

Etienne Tshisekedi (g) à Londres en juin 2011Image : Flickr/Foreign and Commonwealth Office

Un monument au Congo

Un autre candidat prétend aussi à la victoire en RDC. C'est Etienne Tshisekedi, et on parle de lui cette semaine dans la presse allemande. Deux journaux brossent son portrait. Tout d'abord la Süddeutsche Zeitung qui écrit qu'à 78 ans, l'homme à la casquette a pratiquement tout vécu en RDC. Par trois fois il a été brièvement premier ministre, et pourtant il n'a jamais été autorisé à gouverner réellement. Il a été plusieurs fois emprisonné et a souffert. Etienne Tshisekedi est l'éternel opposant dans un pays qui n'arrive pas à sortir de la crise. S'il veut accéder au pouvoir, ce sera cette fois-ci ou jamais. Tshisekedi, note de son côté die tageszeitung est un monument en République démocratique du Congo. Au début des années 1980 il a été le premier intellectuel à rompre publiquement avec le dictateur de l'époque, Mobutu Sese Seko. En 1982 il a créé l'UDPS(Union pour la démocratie et le progrès social) dans la clandestinité. Puis lorsque Mobutu a introduit le multipartisme en 1990, l'UDPS est devenue la principale force d'opposition. Une conférence nationale l'a nommé premier ministre, il devait préparer des élections libres. Mobutu l'a saboté, et limogé.

Arrivée à Rotterdam de l'avion transportant Laurent GbagboImage : picture alliance/dpa

Laurent Gbagbo à la CPI

La presse ne manque pas non plus d'évoquer le transfèrement de Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale. L'ancien président ivoirien est soupçonné de crimes contre l'humanité, commis en Côte d'ivoire dans le cadre des violences post-électorales, entre décembre 2010 et avril 2011. Echouer dans le centre de détention de la CPI - c'est, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung, une fin peu glorieuse pour l'homme qui autrefois s'est battu pour l'introduction du multipartisme, qui a fait front au dictateur Félix Houphouet-Boigny et qui après de nombreuses années passées en exil est devenu président de la Côte d'Ivoire. Pendant les dix ans qu'il a passés à la tête de l'Etat, l'ancien pays modèle de l'Afrique de l'ouest a vécu une guerre civile et un dramatique déclin économique et social. Mais poursuit le journal, si Gbagbo peut en être tenu pour largement responsable, il n'est pas, et de loin, l'unique responsable de tous ces maux. Le journal rappelle aussi les atrocités, incroyables, commises dans les premiers jours d'avril 2011 par les deux camps, les pro-Gbagbo et les pro-Ouattara. Or ajoute-t-il, seuls les partisans de Gbagbo sont pour l'instant sur le banc des accusés. Le transfèrement de Gbagbo à La Haye risque de creuser un peu plus les clivages en Côte d'Ivoire, car selon le résultat de l'élection présidentielle de novembre 2010, reconnu par la communauté internationale, pas moins de 47% des électeurs ont voté pour Gbagbo.

Sur la plage de MogadiscioImage : DW

Répit à Mogadiscio

Enfin cela fait un certain temps déjà que les journaux n'ont plus parlé de la Somalie. Elle revient cette semaine dans les colonnes de l'hebdomadaire Die Zeit, dans lequel on lit que Mogadiscio, début novembre 2011, ressemble à Hambourg à la fin de la seconde guerre mondiale en 1945. En plus de 20 années de guerre civile, milices, islamistes radicaux et forces de paix étrangères ont réduit la ville en ruines. Mogadiscio est la capitale d'un Etat qui a cessé d'exister et dont le territoire est frappé par plusieurs catastrophes à la fois: la pire sécheresse depuis des décennies, et son corollaire: la famine. Laquelle est particulièrement catastrophique car une milice radicale islamiste contrôle presque tout le sud du pays. Mais relève le journal, Mogadiscio connait un répit depuis que les milices al-chebab ont été chassées il y a quelques mois de la capitale. Des commerçants balaient les ruines et inspectent les impacts d'obus dans les murs de leurs boutiques. Des habitants se hasardent à nouveau dans les quartiers contrôlés autrefois par les chebab. Les prix de l'immobilier ont grimpé. Mais ce qu'attendent les Somaliens, poursuit le journal, ce ne sont pas les ONG occidentales, pratiquement toutes parties. Non, ce sont les ONG d'Arabie saoudite, d'Iran, du Koweit, des Emirats Arabes Unis, de Turquie. L'histoire de la Somalie est riche en catastrophes de toute sorte, mais celle-ci est la première dans laquelle des pays musulmans veulent se distinguer sur le terrain de l'humanitaire.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum