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L'Allemagne s'achemine vers des élections anticipées

Marco Wolter | Ralf Bosen
7 novembre 2024

Le chancelier Olaf Scholz veut poser la question de confiance au Bundestag allemand en janvier. Il ouvrirait ainsi la voie à de nouvelles élections d'ici fin mars.

Un stylo posé sur un bulletin de vote allemand (illustration)
Aux élections législatives, les électeurs allemands disposent de deux voix, l'une pour un candidat et l'autre pour un partiImage : Patrick Pleul/dpa-Zentralbild/picture alliance

Ce qui s’annonçait en Allemagne est donc arrivé : la coalition réunie autour du chancelier Olaf Scholz vient d’imploser après le limogeage du ministre des finances libéral, dirigeant le pays vers des élections anticipées. Cela faisait des mois que la coalition gouvernementale s’érodait, les trois partenaires affichant de plus en plus leurs divergences en public. 

Election tous les quatre ans, en temps normal

Au niveau fédéral, les élections législatives se déroulent en temps normal tous les quatre ans. La prochaine élection des députés du Bundestag, le Parlement allemand, était prévue pour l’année prochaine, en septembre. 

Mais lorsque le gouvernement perd sa majorité, les élections anticipées s’imposent pour rétablir une stabilité politique. 
En Allemagne, les élections anticipées sont très rares. Elles sont réglementées par la Constitution qui n'autorise la dissolution du Bundestag que dans deux cas:

Les élections anticipées de 2025 seront les quatrièmes dans l'histoire de la RFA après celles de 1972, 1983 et 2005Image : Funke Foto Services/imago images

Soit si aucune majorité parlementaire absolue ne se dégage après les élections. Le président allemand, qui occupe surtout une fonction symbolique, peut alors décider de dissoudre le Parlement. Cela ne s'est jamais produit dans l'histoire de la République fédérale. 

Dans le second cas, le chancelier demande au Bundestag un vote de confiance. S’il ne l’obtient pas, c’est à nouveau le président qui peut dissoudre le Parlement sur proposition du chancelier. 
Après la dissolution du Bundestag, les nouvelles élections doivent avoir lieu dans un délai de 60 jours. 

Trois élections anticipées dans l’histoire 

Le pays n’a en fait connu dans son histoire que trois élections anticipées:

Avant la réunification, en 1972, le chancelier ouest-allemand Willy Brandt demande un vote de confiance alors que sa politique de détente vis à vis de l’Union soviétique, la RDA et d’autres pays de l’Est, crée de fortes divergences sur le plan intérieur, avec des députés qui claquent la porte de la majorité.  

Ce vote de confiance est toutefois également contesté, puisque le chancelier cherche à le perdre, ce qui n’est pas dans l’esprit de la Constitution, en espérant à la fin consolider son pouvoir à l’issue d’élections anticipées. 

Et c’est exactement ce qui va se passer. Willy Brandt est réélu, son parti du SPD obtiendra son meilleur résultat avec 45,8 % des voix et le taux de participation de 91 % est jusqu’à aujourd’hui le plus élevé de l'histoire des élections au Bundestag. 

Angela Merkel a été élue en 2005 lors d'élections anticipéesImage : Hannibal Hanschke/AP Photo/picture alliance

L’erreur de calcul de Gerhard Schröder 

En 1983, les deuxièmes législatives anticipées sont provoquées par le chancelier chrétien démocrate Helmut Kohl, arrivé au pouvoir l’année d’avant après un vote de défiance contre son prédécesseur Helmut Schmidt.  

Mais Helmut Kohl veut arriver aux commandes par la grande porte. Il convoque un vote de confiance qu’il perd intentionnellement et est confirmé dans ses fonctions par des législatives anticipées.  
“J'ai ouvert la voie à de nouvelles élections afin de stabiliser le gouvernement et d'obtenir une majorité claire au Bundestag”, déclare le chancelier à l'époque. 

L'arrivée d'Angela Merkel

Enfin, nous arrivons en 2005. Le SPD de Gerhard Schröder perd une série de scrutins régionaux et la confiance des députés de la majorité s’érode, notamment à cause des réformes sociales et du marché du travail controversées du chancelier.  
Là encore, celui-ci perd délibérément un vote de confiance, aboutissant à des élections anticipées.  
A la différence près que Gerhard Schröder commet une erreur de calcul. Au lieu d’assoir sa légitimité, il perd les législatives de justesse face aux conservateurs, propulsant Angela Merkel au poste de chancelière, qu’elle ne lâchera plus pendant 16 ans. 

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