La reine d'Angleterre défunte avait fait 42 fois le tour de la Terre et avait rendu visite aux pays du Commonwealth. Elizabeth II y laisse un souvenir mitigé.
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C'est aujourd'hui (19 septembre 2022) qu'ont eu lieu les funérailles de la reine Elizabeth II, décédée après plus de 70 ans de règne.
De son vivant, la monarque de 96 ans a fait 42 fois le tour de la terre et s'est rendue notamment dans les pays du Commonwealth…
Si Elizabeth II n'a, semble-t-il, jamais manqué à ses obligations envers les Etats du Commonwealth, les avis sur son règne sont toutefois parfois critiques au sein de l'organisation. Des interrogations demeurent aussi quant à la posture que son fils, désormais le roi Charles III, adoptera par rapport aux pays membres du Commonwealth.
L'influence du Commonwealth
En plus du Royaume-Uni, Charles III est désormais le souverain de 14 des 56 pays membres du Commonwealth.
Une organisation qui a récemment accueilli de nouveaux membres qui ne partagent aucun lien historique direct avec le Royaume-Uni. Il s'agit notamment du Togo, une ancienne colonie allemande, et du Gabon, une ancienne colonie française.
Ces récentes adhésions ont lieu alors que le Commonwealth du 21e siècle semble confronté à une crise identitaire, en particulier en ce qui concerne son sens et son objectif.
Elizabeth II — Retour sur la vie d'une reine
La reine Elizabeth II est décédée le jeudi 8 septembre 2022 à l'âge de 96 ans. Cette mère, grand-mère et arrière-grand-mère, dotée d'un grand sens du devoir, était la monarque britannique ayant régné le plus longtemps.
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La reine est partie
"Le chagrin est le prix à payer pour l'amour", a dit un jour la reine Elizabeth II. Aujourd'hui, le monde entier la pleure - la reine de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord est décédée le 8 septembre après 70 ans de règne. La reine a vu la désintégration de l'Empire britannique, a rencontré 15 Premiers ministres et a traversé des périodes de turbulence dans sa famille.
Image : Michael Ukas/Getty Images
Reine à 25 ans
George VI, roi du Royaume-Uni, meurt le 6 février 1952. Sa fille Elizabeth, âgée de 25 ans, est en voyage à ce moment-là et reçoit la nouvelle au Kenya. Elle n'a pas le temps de faire son deuil en silence - Elizabeth est désormais la reine. Elle est couronnée presqu'un an et demi plus tard, en juin 1953, dans l'abbaye de Westminster.
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La préparation à son futur rôle
Elizabeth Alexandra Mary est née à Londres le 21 avril 1926, premier enfant du duc et de la duchesse d'York. Son père, George VI, monte sur le trône britannique en 1936, faisant de sa fille aînée l'héritière du trône. Au fil des ans, elle a été préparée à son futur rôle. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Elizabeth prononce son premier discours diffusé par la BBC. Elle avait 14 ans à l'époque.
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Reine et mère
En novembre 1947, Élizabeth épouse le prince Philippe de Grèce, de cinq ans son aîné et d'origine allemande. Charles naît l'année suivante, suivi deux ans plus tard par la première fille du couple, Anne. Au total, Elizabeth a eu quatre enfants : Andrew est né en 1960, et Edward en 1964.
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Reine de coeur pour les gens ?
Lorsqu'elle fête son jubilé d'argent sur le trône en 1977, elle a déjà dépassé de neuf ans le mandat de son père. Elle était respectée et vénérée, populaire et appréciée. Mais elle n'était pas la "Reine de cœur", surnom donné plus tard à un autre membre de la famille royale.
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Des années difficiles
Pour beaucoup de Britanniques, Lady Diana, épouse du prince Charles et belle-fille de la monarque, était la reine de cœur. Le mariage s'est effondré, l'héritier du trône et Lady Diana ont divorcé en 1995. Lorsque Lady Diana est décédée dans un accident de voiture deux ans plus tard, la réaction plutôt froide de la reine a provoqué de vives critiques dans l'opinion publique.
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Une vie sous les projecteurs
La couronne peut être un fardeau car elle s'accompagne de grandes responsabilités et d'une vie sous le regard permanent du public. Problèmes familiaux, divorces, décès, scandales - Elizabeth s'en sort à sa manière. C'est ce que la plupart des Britanniques appréciaient chez elle.
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Monarque de plusieurs pays
En tant que cheffe d'une monarchie constitutionnelle, Elizabeth avait une fonction symbolique. Elle était également la cheffe officielle du Commonwealth, composé de 52 États, dont le Canada, l'Afrique du Sud, l'Inde et l'Australie.
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De nombreuses décennies dans la dignité
En 1952, Elizabeth a déclaré que son couronnement ne devait pas être un signe de pouvoir et de grandeur passée, mais plutôt une expression d'espoir pour les années qu'il lui serait permis de servir et de régner avec la grâce de Dieu. Des décennies plus tard, elle était la monarque ayant servi le plus longtemps dans le monde.
Image : Ben Stansall/AFP
Défenseuse de la foi
Son titre complet était Elizabeth II, par la grâce de Dieu, reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord et de ses autres pays et territoires, chef du Commonwealth, défenseuse de la foi. Elle était également connue pour ses costumes jupe monochromes et ses chapeaux élaborés et assortis.
Image : picture-alliance/dpa
Un profond chagrin
En avril 2021, le mari de la reine Elizabeth, le prince Philip, décède deux mois avant son 100e anniversaire. Ils ont été mariés pendant 73 ans et ont traversé toutes sortes de crises, y compris des crises conjugales. Mais même la perte de son mari et de son compagnon n'a pas empêché la reine de faire son devoir et elle a continué à servir en tant que chef d'État.
Le monde fait ses adieux à Elizabeth II, reine du Royaume-Uni depuis près de sept décennies, mère de quatre enfants, l'une des figures marquantes du XXe siècle ainsi que du siècle actuel. Le trône des souverains d'Angleterre sera désormais occupé par son fils, Charles, le duc de Cornouailles, prince de Galles.
Image : Reuters/V. Jones
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Des noms du pays
Les questions politiques semblent éclipser les liens et l'influence du Royaume-Uni à travers le Commonwealth, en particulier sur le continent africain.
En Afrique du Sud, des villes aux noms historiques comme Port Elizabeth ont été rebaptisées – dans ce cas, Gqeberha.
Au Zimbabwe voisin, Victoria Falls est maintenant connue sous le nom de Mosi-oa-Tunya.
Dans le cas du Zimbabwe, il y a aussi un grand mécontentement contre les sanctions imposées au pays, qui se traduisent par des sentiments ouvertement antiroyalistes.
Douglas Mahiya, porte-parole de l'Association des anciens combattants de la guerre de libération nationale du Zimbabwe, a ainsi estimé qu'il voit peu ou pas de raison pour les Zimbabwéens de pleurer la reine.
La monarchie en question
Ailleurs, les détracteurs de la monarchie ne mâchent pas non plus leurs mots. Uju Anya, professeur en linguistique à l'université américaine Carnegie Mellon, qui examine le rôle de la race et du genre dans les langues, a fait des remarques cinglantes sur la reine et le Commonwealth sur Twitter.
Elle a ainsi rappelé que le règne de la reine a été marqué par une guerre civile au Nigeria, d'où est originaire une partie de sa famille. Le Royaume-Uni a financé, précise-t-elle, ce conflit qui a fait environ deux millions de morts. Selon Uju Anya, le Commonwealth n'a fait que servir de façade pour des pillages coloniaux :
"Elizabeth II était souveraine, était monarque à cette époque. C'était le gouvernement qu'elle supervisait. La couronne même qu'elle avait sur la tête signifiant le fait qu'elle est un monarque est le fruit de pillage. Des diamants, des diamants de sang. Ainsi, le trône sur lequel elle était assise est fait de sang. On ne peut donc pas dire qu'elle était une simple petite vieille dame."
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Des hommages
Ce point de vue n'est pas partagé par tous. Parmi les milliers de personnes qui ont fait la queue sur des kilomètres pour rendre hommage à la défunte reine, il y a par exemple Gladys. Originaire du Ghana, elle vit au Royaume-Uni.
"Je suis Ghanéenne, je suis Britannique et je suis citoyenne du Commonwealth, affirme-t-elle. "Elle était notre reine à tous. Elle nous aimait, nous tous. Surtout quelqu'un comme moi, une migrante venue au Royaume-Uni il y a 30 ans."
Alors que le Royaume-Uni organisait ce lundi les funérailles nationales de la reine, il semble qu'il n'y ait pas une vision unanime au sujet de la reine chez ceux dont la vie est liée au passé colonial britannique, avec ou sans le Commonwealth.
Certaines voix estiment toutefois que le Commonwealth pourrait se redéfinir sous le roi Charles III. Ce dernier a déjà déclaré qu'il souhaitait poursuivre le dialogue - dans l'esprit de réparer les torts historiques.