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Emmerson Mnangagwa, sur les traces de Mugabe

23 novembre 2017

Au Zimbabwe, l’ancien vice-président est rentré ce mercredi à Harare. Emmerson Mnangagwa devra prêter serment, vendredi, comme nouveau président. Cependant, il ne rassure pas les ONG de défense des droits de l’Homme.

Kombobild Mnangagwa (l) Mugabe (r)
Image : AP

Emmerson Mnangagwa, sur les traces de Mugabe? - MP3-Stereo

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Emersson Mnangagwa était pendant 37 ans l’une des éminences grises du régime de Robert Mugabe, jusqu’à leur divorce le 6 novembre 2017. Déjà, au moment de l’accession du pays à l’indépendance, il était ministre de la Sécurité.

En 1983, celui qu’on a surnommé le "Crocodile" est nommé chef de la Sécurité nationale. Et c’est sous son autorité que les forces de l’ordre ont durement réprimé des manifestations dans deux provinces frondeuses du Zimbabwe : le Matabeleland à l’ouest et les Midlands dans le centre.

Bilan : environ 20.000 morts. C'est toujours lui qui aurait coordonné les violentes répressions des opposants, lors de l'élection présidentielle de 2008. Ce qui fait craindre la réédition de ces pratiques, une fois, l’effectivité du pouvoir entre ses mains, et surtout la consécration de l’impunité dont pourraient bénéficier d’autres pontes du régime Mugabe.

Ambiance surchauffée au Parlement du Zimbabwe autour de la procédure de destitution de Robert MugabeImage : Getty Images/AFP/J. Nijkizana

Une posture que partage Anthoni Van Nieuwkerk, professeur à l'université du Witwatersrand à Johannesburg, qui croit dur comme fer qu’Emmerson Mnangagwa "n'est pas un ange, pas un démocrate. C'est un vieux politicien qui a du sang sur les mains."

"On a pensé à l’oppression de l'opposition et des opposants politiques à la suite des élections de 2008. Son pedigree n'est pas de toutes les façons le plus glorieux", ajoute Victor Magnani, spécialiste de l’Afrique Australe à l’IFRI, l’Institut français des relations internationales.

"A sa décharge, il arrive après Robert Mugabe qui était vraiment mis au ban de la communauté internationale. Emmerson Mnangagwa peut apparaitre comme celui qui serait un petit peu plus ouvert vis-à-vis de la communauté internationale et des pays occidentaux comme le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Il est capable de rassurer un certain nombre d'investisseurs, capable de rassurer la Chine aussi, qui s'inquiète des dividendes qu'elle pourrait tirer de ses importants investissements au cours des dernières années", nuance le chercheur.

Emmerson Mnangagwa sera-t-il légal et légitime ?

Emmerson Mnangagwa, en compagnie du président Jacob Zuma en Afrique du Sud, où il passé quelques jours d'exil avant son retour au paysImage : Reuters

Emersson Mnangagwa, arrivé discrètement à Harare, devra prêter serment vendredi prochain. Cependant, sa prestation de serment pose un problème de légalité et de légitimité, selon Victor Prudent Topanou, professeur de droit à l’Université d’Abomey-Calavi au Bénin.

En vertu de l’article 101 de la Constitution du Zimbabwe, c’est le vice-président du pays qui devrait assurer l’intérim du président révoqué jusqu’à l’organisation de prochaines élections prévues en  avril 2018.

Et dans le cas d’espèce, c’est l'actuel vice-président, Phelekeza Mphoko (le deuxième vice-président), qui aurait dû diriger la transition en cours. A en croire, plusieurs sources, l'intéressé serait absent du Zimbabwe. Or, depuis le 6 novembre Emersson Mnangagwa n’est plus vice-président, même s’il a été désigné dimanche dernier à la tête de la ZANU-PF, le parti au pouvoir.

Pour légaliser et légitimer l'avènement au pouvoir d'Emmerson Mnangagwa, des "pirouettes juridiques" doivent être opérées, suggère Victor Prudent Topanou. Car, il n'occupe aucune fonction politique. "De toutes les façons, les Zimbabwéens ont obtenu ce qu’ils recherchaient depuis le départ du pouvoir de Robert Mugabe", conclut le constitutionnaliste béninois.

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