Un film dénonce plus de deux décennies d'impunité en RDC
27 octobre 2021Dans ce onzième film qui s'inscrit dans la continuité de L'homme qui répare les femmes, dédié au docteur Denis Mukwege (prix Nobel de la Paix 2018), Thierry Michel a décidé d'aller plus loin en montrant et en documentant les tueries en République démocratique du Congo.
De l'armée congolaise aux hommes politiques, en passant par les pays voisins et les institutions internationales, nul n'est épargné. L'auteur explique qu'il a voulu comprendre l'enchaînement des évènements qui font que la RDC est prise dans une spirale de violence ininterrompue depuis la chute de Mobutu.
"Je pense qu'à un moment donné, il fallait aller au bout de cette logique pour dénoncer cet état de choses et qu'il ne suffisait plus de suggérer", estime le réalisateur. "Je pense que là, il fallait montrer les faits, des témoignages qui soient ceux des personnes qui ont vécu les choses, des survivants et avoir des images qui disent sans concession ce qui s'est passé".
Un film pour briser le cycle de l'impunité
Pour son documentaire, qui a pour but de lutter contre l'oubli, Thierry Michel s'appuie sur le rapport Mapping de l'Onu qui répertorie les violences commises en RDC entre 1993 et 2003.
Scott Campbell, l'un des protagonistes du film, a été représentant du Haut-commissaire aux droits de l'Homme en RDC de 2011 à 2014. Il se souvient avoir déployé une équipe qui a enquêté sur les incidents les plus graves commis pendant une décennie dans ce pays.
Le but était de fournir les bases pour mettre fin à l'impunité au Congo et des recommandations concrètes sur ce qu'il faut faire en termes de justice ou de réforme de l'armée.
"Ce qui m'a amené à participer c'est certainement le besoin de combattre l'impunité au Congo et la volonté des Nations unies de participer et de soutenir tout effort pour lutter contre l'impunité en RDC", explique Scott Campbell. "Le rapport Mapping est public, ce qu'il faut c'est de la volonté politique de la part des autorités congolaises".
Un outil pour réclamer justice
L' "Empire du silence" veut surtout être un outil de plaidoyer que pourra s'approprier la société civile congolaise pour exiger justice et réparation face aux crimes commis dans le pays.
André Lodama, un jeune Congolais qui vit en Allemagne, était également présent lors de cette avant-première. Pour lui, au-delà de la révolte, le rapport Mapping reste la clé de la lutte contre l'impunité.
"C'est notre devoir en tant que Congolais de prendre ce rapport Mapping et de prendre ce film pour le partager dans le monde et réclamer la justice", estime-t-il.
Réclamer la justice en s'entourant d'autres communautés, c'est la solution que préconise Jonas Bidiamba qui vit à Bochum, également en Allemagne.
"On doit le partager avec nos frères, pas seulement les Belges ou les Allemands, afin que nous tous qui luttons pour les droits humains puissions faire quelque chose pour la libération du Congo", affirme Jonas Bidiamba.
Présenté en avant-première mondiale à Bruxelles ce 26 octobre, le film sortira en salles début janvier en Belgique et en mars en France.