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En Afghanistan, le retour des talibans fait peur aux femmes

9 mars 2020

Des pourparlers de paix sont prévus à Oslo entre le gouvernement afghan et les talibans. Mais dans le pays, les femmes redoutent un recul de leurs libertés sous l'influence des insurgés.

Les femmes Afghanes demandent la préservation de leurs droits lors des discussions de paix
Les femmes Afghanes demandent la préservation de leurs droits lors des discussions de paixImage : DW/F. Zahir

"Nous avons peur que cela change avec les talibans"- (Shukria Jalalzay)

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A la veille du dialogue interafghan, le chef de l'Etat Ashraf Ghani vainqueur de la présidentielle de septembre 2019 a été investi ce lundi (09.03.2020). Son principal adversaire Abdullah Abdullah qui conteste les résultats s'est aussi déclaré président d'Afghanistan. Deux explosions ont retenti pendant les deux investitures concurrentes qui se sont déroulées à Kaboul. Ces explosions ont plus tard été revendiquées par l'Etat islamique.

C'est dans ce contexte que débute mardi (10.03.2020), le dialogue interafghan qui pourrait aboutir à un partage du pouvoir avec les talibans. Face à cette éventualité, les femmes afghanes redoutent un recul de leurs libertés. 

Des Afghanes dans un parc réservé aux femmes à KaboulImage : Getty Images/AFP/A. Berry

Recul imminent des droits des femmes

Durant les deux dernières décennies, la vie des femmes en Afghanistan s'est considérablement améliorée. Les filles ont le droit d'aller à l'école.

Des femmes sont actives en politique et dans le milieu scientifique. D'autres sont des présentatrices de télévision. Elles sont engagées dans le sport et la musique ou ont créé leur propre entreprise. Dans beaucoup de secteurs d'activités les femmes peuvent travailler et devenir autonomes.

Cela n'était pas possible sous l'administration des tabilans, surtout entre 1996 et 2001, période durant laquelle elles étaient contraintes de travailler à la maison et porter une burqa quand elles devaient sortir dans la rue. 

Hameda Safi, une gérante d'un magasin de prêt-à-porter n'est pas convaincue que les talibans vont respecter les droits des femmes comme ils ont l'air de le promettre dans l'accord signé à Doha avec les Etats-Unis.

"Je ne crois pas que l'accord de Doha protège vraiment les femmes. Il y a beaucoup de choses qui sont formulées dans le vague. Mais les talibans ne veulent pas la paix. Ils vont à peine respecter ce qui a été signé", craint-elle.

Des combattants talibans surveillent une manifestation pour célébrer l'accord avec les Etats-UnisImage : Getty Images/N. Shirzada

Certaines Afghanes pourraient s'exiler

La militante des droits des femmes, Shukria Jalalzay, craint que beaucoup de femmes éduquées soient contraintes de fuir le pays si les talibans reviennent au pouvoir.

"Les femmes sont actuellement bien acceptées dans notre société mais nous avons peur que cela change avec les talibans", affrime-t-elle. Aujourd'hui, les femmes peuvent exprimer leur point de vue et défendre publiquement leurs droits. "Mais en sera-t-il encore ainsi quand les talibans seront associés au pouvoir ? Je crois que beaucoup de femmes qualifiées vont s'expatrier alors que leur présence ici est très nécessaire"

En effet, lorsqu'ils étaient au pouvoir, les talibans ont donné uniquement le pouvoir de décision aux hommes.

Le porte-parole des talibans, Muhammad Suhail Shaheen, a d'ailleurs averti lors d'une interview à la chaîne allemande ARD que les femmes devraient se conformer à la loi islamique.

"Que veulent les femmes ? Elles veulent la sécurité, le droit à la formation et le droit de travailler. Elles auront cela", promet-il.

"Mais nous sommes une société où 99% des Afghans sont des musulmans. Voilà pourquoi les femmes doivent respecter la loi islamique. Si elles portent un voile, alors leur droit à la formation et au travail seront aussi garantis", avertit le porte-parole.

La place des femmes dans la société est donc un des thèmes qui devraient être débattus lors des discussions prévues à Oslo entre les talibans et les autorités afghanes.

Mais outre les talibans, certains groupes influents dominés par les hommes, voient d'un mauvais oeil les libertés accordées aux femmes ces dernières années en Afghanistan.

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