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En Afrique, des armées accusées de brutalité

5 mai 2020

De nombreuses exactions sur des populations civiles sont imputées à certaines forces armées et de sécurité. Ces atteintes aux droits humains sont régulièrement dénoncées par les ONG nationales et internationales.

Burundi Gewalt Proteste
Image : Teddy Mazina/DW

"La justice a tendance à protéger les militaires" (Seydi Gassama, Amnesty Senegal)

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Le 20 avril dernier, Human Rights Watch avait accusé l’armée burkinabè d’avoir exécuté une trentaine d’habitants dans le nord du pays.

Ces exécutions extrajudiciaires sont également imputées à plusieurs armées dont les soldats sont pourtant bien formés. On peut citer par exemple le Mali, la République démocratique du Congo, le Tchad, le Cameroun ou le Burundi.

L’interview de Carina Tertsakian

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"Je me souviens moi-même au Burundi, il y a plusieurs années, j'avais rencontré un commandant d'une unité militaire qui avait commis des violations graves, des exécutions extra-judiciaires de civils. Et ce commandant, responsable d'une telle unité, m'avait montré très fièrement un certificat qui lui avait  été décerné par une formation en matière des droits de l'homme. Donc ça montre à quel point il  y a un décalage entre la théorie et la pratique", témoigne Carina Tertsakian, chercheuse à l’ONG l'Initiative pour les droits humains au Burundi.

 

A lire aussi L’armée burkinabè accusée d’avoir tué des civils

 

Impunité

Pour Seydi Gassama, directeur d'Amnesty International Sénégal, l’impunité en vigueur dans certains pays encourage la récurrence de ces abus.

L’armée congolaise est accusée de commettre des abus sur des civilsImage : DW/John Kanyunyu

Il indique que "les parquets qui dépendent des pouvoirs politiques ont tendance à protéger les membres des forces de sécurité. Généralement, dans nos armées, les officiers sont bien formés. Ils font des académies militaires, ils apprennent les droits humains, le droit international humanitaire. Mais la troupe, elle, ne reçoit pas cette formation. Ce sont des gens à qui on apprend à tirer des balles ou des gaz lacrymogènes ou à taper sur des personnes. Que ce soit au Bénin, au Sénégal ou ailleurs."

Affinités

Le 28 septembre 2009, à Conakry, l’armée a tiré  à balle réelle sur des milliers de manifestant venus assister à un meeting de l’opposition. Bilan : une centaine de morts.

Au Tchad, le commandement de l’armée est majoritairement composé de membres de la famille présidentielleImage : STR/AFP/Getty Images

Ce drame est survenu parce que l’armée n’est pas républicaine, explique le président de l'Organisation guinéenne des droits de l'homme (OGDH). Selon Abdoul Gadiri Diallo, "la plupart du temps, le choix qui est porté sur la superstructure de l'armée n'est pas un choix fondé sur les principes républicains. C'est généralement par affinités, par relations ethniques que ceux qui ont le commandement sont généralement choisis. Ils doivent leur niveau d'avancement, ils doivent leur place au chef de l'exécutif qui les a désigné."

Pour protéger et maintenir au pouvoir des régimes autoritaires, certaines armées n’hésitent pas à brutaliser ou à tuer des civils. Cela a aussi été le cas dans une histoire récente au Togo, au Soudan, en Egypte ou encore au Gabon.

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