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Le ministère du Développement, une exception allemande

Peter Hille | Katharina Kroll
23 août 2024

L’Allemagne est le seul pays industrialisé occidental à avoir un ministère consacré à l’aide au développement. Les libéraux du FDP veulent le voir disparaître.

Svenja Schulze dans une usine au Pakistan
Lors d'un déplacement au Pakistan, Svenja Schulze a expliqué que l'aide au développement profitait autant aux pays bénéficiaires qu'à l'AllemagneImage : Thomas Imo/BMZ/photothek.de/picture alliance

La lutte contre la pauvreté et le renforcement de la démocratie et des droits de l’Homme sont les lignes directrices du ministère allemand de la Coopération et du Développement. L’année dernière, l’Allemagne a dépensé près de 34 milliards d’euros en aide au développement. Seuls la Norvège, le Luxembourg et la Suède consacrent une part encore plus importante de leur PIB à l’aide au développement.

Mais Berlin pourrait réduire son aide au développement l’année prochaine, selon le projet de budget présenté par le gouvernement allemand. Le ministère de la Coopération et du Développement, dirigé par Svenja Schulze, pourrait perdre près d’un milliard d’euros.

Lors d'un voyage au Pakistan, elle a toutefois assuré ne pas craindre que l'aide au développement soit sacrifiée, "car l’Allemagne est une nation exportatrice. Nous dépendons de l’existence de bons partenariats dans le monde avec notre propre économie, et de tels partenariats ne se produisent que grâce à des relations à long terme. Et nous le faisons par le biais de la coopération au développement".

Cette piste cyclable à Lima au Pérou a été financée par l'aide au développement allemandeImage : Stefan Zeitz/Geisler-Fotopress/picture alliance

Le FDP pour une fusion avec les Affaires étrangères

A Islamabad, elle a promis aux entreprises locales des conseils sur le respect des normes sociales et environnementales. Pour elle, "que les enfants puissent aller à l’école et n’aient pas à travailler, que l’économie avance, que l’environnement soit protégé, que la protection du climat progresse : ce sont des choses qui sont importantes non seulement pour les autres pays, mais aussi pour nous, en Allemagne".

Au Burkina, Svenja Schulze plaide pour un retour à l'état de droit

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Reste que le niveau de l’engagement de l’Allemagne à l’étranger est régulièrement critiqué. Le parti libéral du FDP réclame même la suppression pure et simple du ministère pour l’intégrer au ministère des Affaires étrangères. 

Knut Gerschau, président de la commission du développement du Bundestag, note que "aucun pays européen n’a de ministère du Développement. Ces tâches sont confiées à d’autres ministères. Je pense qu’il y a aussi beaucoup de doublons dont vous n’avez pas besoin".

Svenja Schulze visite régulièrement le continent africain, comme ici à Abuja au NigeriaImage : Leon Kuegeler/photothek.de/IMAGO

Crée en 1961 pour gérer le plan Marshall

Knut Gerschau assure qu’une telle fusion augmentera l’efficacité tout en réduisant la masse salariale. Pour la ministre Svenja Schulze, "nous l’avons vu au Royaume-Uni. Lorsqu’ils ont aboli leur propre ministère, ils n’étaient plus présents sur la scène internationale. Nous devons représenter nos intérêts, ce qui est important pour nous, nos valeurs au niveau international. Pour cela nous avons besoin de personnes compétentes et de représentation. Tout cela ne peut pas être simplement rattaché à un ministère de l’Economie, des Affaires étrangères ou des Finances".

Le ministère existe depuis 1961. A cette époque, après la Seconde Guerre mondiale, il avait été chargé de gérer les milliards de dollars d’aide des Etats-Unis dans le cadre du plan Marshall, un soutien qui a constitué la base de la reprise économique de l’Allemagne.

Katharina Kroll Journaliste DW