En Côte d'Ivoire, l'accord avec Corsair ne passe pas
26 mai 2025
En Côte d'Ivoire, la convention avec Corsair enflamme la classe politique et les réseaux sociaux, d'autant que le gouvernement ivoirien se vante souvent de ses réalisations dans le domaine de la santé.
Des constructions d'hôpitaux et de centres spécialisés ainsi que la Couverture maladie universelle (CMU) n'ont pourtant pas d'impact sur le coût des traitements, selon certains Ivoiriens.
Indignation compréhensible
Voir les membres d'institution jouir de facilités de voyage et de prise en charge sanitaire est donc incompréhensible estime André Sylver Konan, journaliste et analyste :
"Il y a autant d'indignations, tout simplement parce que la présidente du Sénat, Kandia Camara, a dit dans son discours que non seulement c'était destiné à réduire les frais de billets d'avion mais aussi, que cela donne l'opportunité de réduction de frais de santé à l'Hôpital Américain de Paris. C'est ce bout de phrase qui a donc suscité l'indignation. Et c'est une indignation compréhensible."
Selon Abdré Sylver Konan, la convention a été signée pour la première fois en 2019 avec le Sénat. Puis en 2022, l'Assemblée nationale, le Conseil économique et social et les élus locaux ont rejoint le partenariat.
Que dit la convention ?
La convention accorde jusqu'à 30% de réduction sur les billets d'avions pour ces personnalités et les membres de leurs familles. André Sylver Konan explique que nulle part dans cette convention, il n'est mentionné le volet soins de santé à l'Hôpital Américain de Paris. Cette information émane de l'annonce de la présidente du Sénat.
La colère des Ivoiriens est amplifiée par le choix d'un transporteur aérien étranger au détriment de la compagnie nationale, estime André Sylver Konan : "De l'autre côté, ça intervient dans un contexte où Air Côte d'Ivoire, la compagnie nationale va très bientôt lancer son vol direct entre Paris et la Côte d'ivoire."
Des avancées dans certains domaines
Selon Akina Dekoissi, écrivain et citoyen engagé, il y a un grand écart entre le train de vie des dirigeants et celui des populations. Celles-ci payent l'impôt mais doivent souffrir pour se soigner et se battre pour survivre :
"Cette convention vient renforcer l'idée d'une gouvernance à deux vitesses. Une élite politique qui bénéficie de billets d'avion subventionnés et de soins haut de gamme à l'étranger. Pendant que le peuple ploie sous la cherté de la vie, la saturation des hôpitaux et l'absence de soins de qualité."
Ces dernières années, beaucoup d'investissements ont été effectués dans la construction d'infrastructures sanitaires mais de nombreuses pathologies ne sont pas traitées en Côte d'ivoire.
En moins de quinze ans, le gouvernement a construit huit centres hospitaliers régionaux et onze hôpitaux généraux ainsi qu'un centre d'oncologie et de radiothérapie.