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En RCA, l'Etat est défaillant

Philippe Pognan2 octobre 2015

La présidente centrafricaine Catherine Samba Panza a parlé d'une "tentative de prise de pouvoir par la force."

Zentralafrikanische Republik Proteste und Gewalt in Bangui
Image : picture-alliance/AA/H.C. Serefio

Cette semaine dans la presse allemande, nous avons retenu deux thèmes:Le premier concerne les dernières violences qui ont secoué Bangui la capitale centrafricaine. Le second se rapporte au procès des chefs rebelles hutus rwandais des FDLR qui s'est achevé à l'issue de 4 années de procédure à Stuttgart, dans le sud de l'Allemagne .


En République centrafricaine, l'ordre étatique s'est complètement effondré. Les espoirs de paix et de prochaines élections se sont évaporés, constate la tageszeitung. Des milices armées de la coalition anti-Balaka, qui l'année passée avait tué ou chassé la plupart des musulmans de Bangui, ont pratiquement pris le contrôle de grandes parties de la capitale, faisant plusieurs dizaines de morts. Plus de 10.000 personnes ont cherché refuge dans les camps de déplacés près de l'aéroport.

Le meurtre d'un chauffeur de taxi musulman dans le quartier PK 5 a déclenché la dernière flambée de violence. Des coups de feu ont alimenté la rumeur que les anciens rebelles musulmans Seleka auraient lancé une offensive. Suite à quoi des miliciens rivaux Anti-Balaka, se sont rassemblés pour une chasse à l'homme à PK 5, un quartier musulman. Pendant plusieurs heures, des musulmans ont été tués, sans que les casques bleus de la MINUSCA déployée à Bangui n'interviennent. Selon la mission onusienne, les casques bleus étaient occupés à empêcher que la vague de violences ne s‘étende à d'autres quartiers.

Casques bleus de la MINUSCA à Bangui (28 septembre 2015)Image : picture-alliance/AA/H.C. Serefio
La présidente Catherine Samba-Panza a dénoncé une tentative de prise de pouvoirImage : J. Richards/AFP/Getty Images


Les anti-Balaka exigent maintenant le retrait de toutes les troupes étrangères de Bangui et que la sécurité soit assurée par les FACA, l'armée gouvernementale. Or, rappelle le journal de Berlin, celles-ci n'existent plus depuis qu'en mars 2013, le président de l'époque François Bozizé a été renversé par les rebelles musulmans de la Seleka, qui à leur tour avaient dû en janvier 2014 passer le pouvoir à un régime de transition.

Autre sujet: le procès à Stuttgart contre deux chefs des FDLR

Le même journal berlinois, la taz commente l'issue d'une longue et difficile procédure judiciaire à Stuttgart. Les deux chefs de la rébellion hutu rwandaise des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda),Ignace Muwarnashyaka et Straton Musoni, âgés de 51 et 54 ans, ont été condamnés à 13 et 8 ans de prison pour avoir orchestré des massacres en République démocratique du Congo.

Le tribunal de Stuttgart a clos un procès qui aura duré 4 ansImage : picture-alliance/dpa/D. Calagan


Les FDLR sont une organisation terroriste et les deux accusés sont coupables en tant que leurs principaux meneurs, cela a été clairement établi par le tribunal. Les objectifs et les actions des FDLR consistaient à "perpétrer des crimes de guerre au détriment de la population civile congolaise " pour atteindre leur objectif final de prise du pouvoir au Rwanda. C'est ce que retient la taz. Les deux accusés devaient initialement répondre de 26 crimes contre l'humanité et 39 crimes de guerre, commis en 2009, ainsi que de "la direction d'une entreprise terroriste à l'étranger". Mais la cour a finalement abandonné les trois quarts des accusations pour se concentrer sur les meurtres.

Ignace MurwanashyakaImage : AFP/Getty Images/A. Solaro

Contrairement à ce que de nombreux défenseurs des Droits de l'Homme avaient espéré, le président des FDLR Ignace Muwarnashyaka n'a donc pas été condamné pour sa responsabilité en tant que chef de troupes ayant commis des crimes en RDC. Or, la responsabilité des chefs hiérarchiques est la base même de tous les procès internationaux jugeant les crimes de guerre, souligne le journal de Berlin qui critique que le vice- président des FDLR Straton Musoni a même pu quitter le tribunal en homme libre, parce qu'il avait déjà passé les deux tiers de sa peine en préventive.

Straton MusoniImage : picture-alliance/dpa/B. Weissbrod

La taz conclut avec une remarque : On peut se demander si un procès d'une telle ampleur pour faire la lumière sur des crimes commis à 6.000 kilomètres de distance est la bonne solution pour rendre justice dans un tel dossier…