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En RDC, la question de la protection des mineurs artisanaux

14 septembre 2020

Un éboulement dans la ville de Kamituga, en RDC, révèle les difficiles conditions des mineurs artisanaux. Leur encadrement par l'État montre des failles.

Sur le site de l'accident minier survenu le 11 septembre
Les mineurs artisanaux revendent le produit de leur recherche à des comptoirs miniersImage : picture-alliance/AP/Maisha RDC/J. Mwenyemali

Combien étaient-ils, piégés vendredi (11.09.2020) par l'éboulement dans une mine d'or artisanale à Kamituga, dans la province du Sud-Kivu en RDC ? Le bilan ne cesse d'évoluer. Jusqu'à la matinée de ce lundi (14.09.2020), les secouristes ont repêché 22 corps d'orpailleurs mais le bilan pourrait être très lourd. La population a procédé à l'enterrement des corps.

Le deuil de deux jours, décrété par les autorités a pris fin dimanche. Mais sur place, l'émotion reste vive. Le drame relance la question de l'encadrement par l'État de l'exploitation minière artisanale en RDC. De nombreuses familles dépendent de cette activité qui reste très risquée. 

L'or a atteint un sommet historique en août 2020, au-dessus de 2.000 dollars l'once (31 grammes)Image : Reuters/D. Al Katanty

Des accidents récurrents

Le drame de Kamituga en rappelle plusieurs autres qui se sont soldés par de nombreux morts. Des mineurs artisanaux tentent de gagner leur vie en revendant les minerais qu'ils parviennent à extraire dans des conditions difficiles.

Ceux de Kamituga se trouvaient à plus d'une cinquantaine de mètres sous terre quand des courants d'eau provenant d'une rivière en crue les ont surpris.

Lire aussi →60 ans après, la RDC peine à transformer ses ressources

Le gouverneur provincial pense que cinquante personnes ont péri mais ce bilan pourrait être dépassé car il y aurait aussi des mineurs clandestins. Les fouilles se poursuivaient lundi après-midi mais certains mineurs regrettent que le gouverneur ne se soit pas déplacé au chevet des familles éplorées. 

Insécurité sur les sites d'orpaillage

À Kamituga, le site minier appartient à une filiale de Banro, une société canadienne qui a annoncé la suspension de ses activités industrielles il y a un an et qui a cédé des droits d'exploitation artisanale à des habitants qui s'étaient soulevés. Le statut de ces "creuseurs" est donc plus précaire que celui des exploitants artisanaux qui occupent des sites reconnus par l'État.

"Nous nous sommes pris en charge nous-même" (un orpailleur à Kamituga)

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Selon Raoul Kitungano, coordonnateur de l'ONG "Justice pour tous", les mineurs piégés ont manqué d'oxygène. "Lorsqu'il y a des puits qui sont au-delà de 50 mètres ou 100 mètres, les mineurs artisanaux ne travaillent qu'avec des compresseurs d'air. Or, dans ce contexte, il a été difficile que tout fonctionne comme il le faut car il y a eu affaissement du sol", explique-t-il.

Défaillances à tous les niveaux 

Qu'ils reçoivent leur licence de l'État ou d'une entreprise concessionnaire, les mineurs artisanaux sont censés bénéficier de l'assistance d'une structure publique. Mais cela n'est pas le cas, regrette Raoul Kitungano de l'ONG "Justice pour tous".

"Il y a une déviation de la mission principale de pouvoir assister les exploitants miniers artisanaux en termes de matériels et équipements sur le terrain. Mais aussi, les exploitants miniers artisanaux doivent fournir un effort pour acquérir des matériels et équipements appropriés pour leurs activités", affirme Raoul Kitungano dans une interview à la DW.

L'ONG "Justice pour tous" recommande par ailleurs que les exploitants miniers artisanaux qui n'opèrent pas sur des sites attribués par l'État soient eux aussi autorisés à se constituer en coopératives pour mieux faire face aux dépenses d'achats d'équipements.

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