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En RDC, le M23 poursuit son avancée dans le Nord-Kivu

5 août 2024

Alors qu’un cessez-le-feu était censé démarrer le 4 août dans l’est, la rébellion du M23 s’est emparée d’Ishasha, une localité frontalière de l'Ouganda.

Rebelles du M23 (Photo d'illustration)
L'Est de la RDC, riche en minerais, est ravagé depuis 30 ans par des combats entre groupes armés locaux et étrangers (Photo d'illustration)Image : Moses Sawasawa/AP Photo/picture alliance

La vie a repris son cours à Ishasha ce lundi matin (05.08), confirme à la DW Romy Sawasawa, président de la société civile d’Ishasha. Les activités ont repris. Il nous explique que la population a accueilli chaleureusement le M23 parce qu’elle est fatiguée de la guerre et qu’elle se sent délaissée depuis longtemps.

"La population est fatiguée de la guerre de tous les jours, elle comprend facilement la situation. Elle est avec le mouvement M23. La journée d’aujourd’hui est calme, les activités ont repris, la douane a rouvert. Les M23 ont ouvert la douane et les 10% de la population qui était déjà sortie vers l’Ouganda sont de retour. Ceux qui sont restés c’est l’autorité de l’état par exemple la police et tous les autres", assure Romy Sawasawa.

"La population est fatiguée de la guerre" (Romy Sawasawa)

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En 2022, Liberata Rubumba a dû quitter Rutshuru où elle vivait avec sa famille. C’était à l’arrivée du M23. Elle nous explique qu’à leur arrivée, la population a dû fuir, mais peu de temps après, les familles ont commencé à retourner chez elle, une fois la rébellion installée.

"Toute la population fuyait vers des endroits où le M23 n’était pas encore arrivé. La population ne savait pas où aller, elle n’avait pas de soutien, c’est la raison pour laquelle elle fuyait. Mais, dès que le M23 est entré, la population a commencé à rentrer petit à petit. Il y avait beaucoup de réticence mais qu’est ce que vous voulez que la population fasse ? Elle est obligée de rester là-bas et de les accueillir. C’est par contrainte qu’elle les accueille, cela ne veut pas dire qu’elle est dans la joie parce qu’elle voit que du côté du gouvernement, il n’y a pas de résistance", explique cette rescapée des conflits qui milite pour la défense des droits des femmes.

Lassitude et déception des populations

Onesphore Sematumba, chercheur chez ICG, rappelle que les scènes de liesse que l’on a pu voir à Ishasha ce week-end ne sont pas isolées. On a pu voir les mêmes à Nyamilima, (20km un peu plus loin), ou encore quand le M23 s’est emparé de Kanyabayonga qui a entraîné la chute de Kirubmba et Kahina, ouvrant la voie vers le grand Nord. Au mois d’avril, le scénario s’était également reproduit à l’entrée du M23 dans la cité minière de Rubaya dans le territoire de Masisi. 

" Les populations de ces milieux semblent avoir opté pour ne plus continuer à fuir. Si tu te déplaces d’Ishasha ou de Nyamilima, tu te retrouves directement en Ouganda donc tu deviens automatiquement réfugié. Les populations semblent avoir opté pour rester et cohabiter avec les nouvelles autorités de facto, qui sont les autorités rebelles", souligne le chercheur.

Selon lui, "il y a une attitude d’acceptation, pour avoir la quiétude de continuer à vaquer à ses occupations. Il y a également une sorte de lassitude mais aussi une sorte de déception en voyant que la partie gouvernementale, donc Kinshasa et ses alliés ne parviennent pas à inverser la tendance."

Quant à savoir quelles pourraient être les prochainesgrandes villes du Nord-Kivu qui pourraient tomber entre les mains du M23, Onesphore Sematumba se montre prudent. Pour lui, plutôt que de parler des prochaines villes, il faudrait parler en termes d’objectifs stratégiques parce que les avancées du M23 sont imprévisibles.