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En RDC, l’épineuse question de la carte d’identité nationale

13 juillet 2023

A cinq mois des élections, certains Congolais n’ont toujours pas de carte d’électeur qui fait également office de carte d’identité.

Inscription des électeurs de la RDC dans la région du Nord-Kivu (Photo d'illustration)
Sans carte d'électeur, impossible d'exercer son droit de vote (Photo d'illustration)Image : Benjamin Kasembe/DW

Dans un entretien réalisé récemment, Bella, une transsexuelle qui vit à Bukavu, nous a expliqué qu’à ce jour, elle ne possède toujours pas de carte d’électeur et donc, pas de carte d’identité.

Le 22 mars, alors qu’elle se rendait dans un centre pour se faire enrôler, elle s’est fait agresser et on lui a refusé l’accès aux locaux à cause de son orientation sexuelle.

Le cas de Bella n’est malheureusement pas isolé. A quelques kilomètres de Bukavu, dans la province voisine du Nord-Kivu, pour des raisons sécuritaires cette fois, de nombreuses personnes n’ont pas pu se faire inscrire sur les listes électorales.

"Un pays sans identité est un pays qui n’existe pas" (Jean Claude Mputu)

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Augustin Muhesi, qui enseigne les sciences politiques à l’Université de Goma, rappelle le scénario des élections de 2018 où certaines villes comme Beni, Butembo et Yumbi n’ont pas pu participer aux élections en raison de l’insécurité liée aux attaques de groupes armés.

 " Dans l’est du pays, où il y a une partie du territoire qui est occupée par le M23, on sent clairement qu’encore une fois, le droit de vote, qui est pourtant garanti par la Constitution de la RDC, ne sera pas effectif pour tous les citoyens. Puisque, pour des raisons de sécurité, certains n’auront pas la possibilité de voter. Il est à noter que certaines personnes n’ont pas eu la possibilité de se faire enrôler, alors qu’on ne peut pas voter sans détenir une carte d’électeur. Ceci nous pousse à dire que beaucoup de Congolais habitant des zones insécurisées dans l’est du pays ne vont pas participer au vote, et pour d’autres, ils ne pourront pas poser leur candidature, " précise l’enseignant à la Deutsche Welle.

Un phénomène qui dure depuis longtemps

La question de l’absence de carte d’identité pour les Congolais n’est pas nouvelle ! Cela fait environ 30 ans que ça dure, souligne le politologue Jean-Claude Mputu. Pour lui, cela ne semble pas constituer un objectif majeur pour les différents gouvernements qui se sont succédé.

" La conséquence, c’est qu’on est sans identité, sans reconnaissance, avec un désordre total. Personne ne pense à faire un vrai recensement de la population et cela pose véritablement un problème et ça démontre le degré de volonté politique pour pouvoir identifier les Congolais. Un pays sans identité est un pays qui n’existe pas, où les citoyens ne sont pas protégés" souligne M. Mputu

Des initiatives qui n’ont pas portés des fruits

Jean-Claude Mputu rappelle toutefois qu’il y a eu des initiatives pour pallier ce manque. L’ex-président congolais Joseph Kabila avait créé l’Office national pour l’identification de la population qui n’a jamais eu les moyens nécessaires à son fonctionnement.

Une opération serait en cours pour lancer la confection des cartes d’identité nationale sur la base actuelle des fichiers d’enrôlement de la Commission électorale. Mais les doutes sur la crédibilité du fichier de la Céni risquent de compromettre ce projet.