En Turquie, critique = terroriste
24 juillet 201717 journalistes, dirigeants et autres collaborateurs actuels ou anciens du quotidien "Cumhuriyet", un quotidien fondé en 1924, farouchement critique du président turc Recep Tayyip Erdogan, sont jugés à Istanbul. Ils risquent jusqu' à 43 ans de prison.
Le journal est devenu mondialement célèbre quand le président Erdogan a arrêté presque tout l’état-major en automne dernier, suite à la tentative de coup d'Etat avorté, voilà un an.
L'acte d'accusation, présenté aux accusés en avril dernier, leur reproche - selon l’agence de presse Anadolu - un soutien à des "organisations terroristes", dont le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen et le Parti des travailleurs du Kurdistan PKK.
Le président turc Erdogan partage l'avis du parquet. Lui qui soutient qu'en Turquie, aucun journaliste n'est derrière les barreaux parce qu'il est journaliste :
"149 journalistes sont en prison en Turquie. Nous avons analysé cela. En fait, 144 d'entre eux sont suspectés d'actes de terreur - les autres sont des criminels de droit commun."
Inquiétudes liées à la liberté de la presse en Turquie
Parmi les accusés dans le procès actuel : le rédacteur en chef de "Cumhuriyet", Murat Sabuncu, ainsi que son prédécesseur Can Dündar, qui vit actuellement en exil en Allemagne. L'acte d'accusation indique que la ligne du journal aurait "radicalement changé" après que Dündar en a pris la direction. Ce que ce dernier réfute:
"Selon ce gouvernement, chaque critique est un terroriste. Un tweet ou un article qui ne leur plaît pas suffit pour qu'ils fassent de vous un terroriste. C’est la stratégie d'Erdogan. Il dit que vous n'êtes pas journaliste, vous êtes des terroristes."
En Septembre 2016, Cumhuriyet a reçu le prix Nobel alternatif. La fondation Right Livelihood avait félicité l'engagement du quotidien qui fait du "journalisme d'investigation viril" et "son engagement inconditionnel à la liberté d'expression malgré la répression, la censure, l'emprisonnement et les menaces de mort."